Intervention de Danièle Obono

Réunion du mardi 14 janvier 2020 à 21h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Je rejoins M. Latombe. J'aimerais vraiment que nous avancions dans ce débat, mais aussi que nous évitions les contresens. Pour cela, peut-être convient-il d'éclairer certains de nos collègues quant à l'origine des pratiques dites de safe space. Celles-ci ne sont pas apparues avec internet ; elles sont l'un des acquis, dans la vie réelle, des luttes et des mouvements féministes, LGBT ou encore antiracistes. Elles participent à la libération des personnes qui sont victimes au quotidien de violences et de discriminations. Elles sont aussi vieilles que l'autoémancipation. Les pratiques de safe space sont également des armes. Il s'agit, non pas de dire aux personnes concernées ce qu'elles doivent faire ou ne pas faire, mais de les rendre autonomes, de leur permettre de choisir ce qu'elles veulent faire et comment elles veulent le faire. Je vous invite donc à vous renseigner un peu pour savoir de quoi il est question ici.

Je suis choquée de l'insulte qui est faite à ces personnes, qui sont encore aujourd'hui des victimes ; elles ont développé ces pratiques et veulent les utiliser. Il faut les aider à être plus autonomes et à reprendre un peu le contrôle – pas totalement, bien sûr, car ce n'est pas l'interopérabilité qui va renverser complètement le monopole des plateformes et de l'économie d'internet, mais elle peut leur donner un petit levier. Personne n'a jamais prétendu que cela allait tout révolutionner – nous n'avons pas cette prétention –, mais cela permet d'enfoncer un coin, y compris en ce qui concerne le fonctionnement même d'internet, dont nous sommes un certain nombre à vous parler depuis le début.

Le système repose sur la concentration et le monopole. Du fait également de l'attractivité de ces espaces, les gens sont obligés d'y rester et, ainsi, de subir encore et encore, y compris des agressions. À travers l'interopérabilité, il y va donc aussi de la compréhension du fonctionnement même d'internet et des mécanismes qui produisent et reproduisent sur internet des situations extrêmement problématiques. C'est la raison pour laquelle nous devons introduire ce mécanisme.

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