Intervention de Brune Poirson

Séance en hémicycle du mardi 21 janvier 2020 à 15h00
Lutte contre le gaspillage et économie circulaire — Présentation

Brune Poirson, secrétaire d'état auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire :

Je pourrais aussi citer la disparition des emballages des fruits et légumes ou celle des tickets de caisse, la vente des médicaments à l'unité, l'interdiction de la vaisselle jetable dans les fast-foods pour la restauration sur place. Je pourrais encore citer le doublement des filières pollueur-payeur, les 600 millions d'euros de transfert des industriels vers les collectivités locales, tous ces outils du quotidien qui aideront les Français à changer de comportement, comme le développement du vrac, de la consigne, de la réparation, du réemploi. Bref, je pourrais parler longtemps.

Ce récit, ce n'est pas de la science-fiction, ce n'est pas un projet à long terme ; c'est, très concrètement, ce qui va arriver tout de suite. C'est l'histoire que nous avons écrite ensemble en travaillant à cette loi de transition vers l'économie du XXIe siècle. Les Français veulent vivre dans une société plus juste et plus sobre. Avec ce projet de loi, nous leur prouvons que nous les avons entendus et surtout que nous sommes déjà en train de l'inventer. Il ne s'agit pas de construire des châteaux en Espagne ou ailleurs, mais de nous mettre les mains dans le cambouis pour changer leur quotidien.

Pourtant, si de nombreuses nuances de vert peuvent exister, il y en a une particulièrement menaçante pour la démocratie et dangereuse pour la transition écologique. Cette nuance, c'est celle du mensonge, celle de la démagogie, celle du populisme, un populisme vert parfois mêlé de rouge, parfois de bleu marine. Son objectif est très simple : décrédibiliser les responsables politiques qui travaillent en prônant le réalisme afin de les faire passer pour des adeptes du renoncement.

Mais être réaliste, c'est regarder en face les résultats obtenus par les scientifiques et les alertes qu'ils lancent, et, au lieu de formuler des promesses en l'air qui reposent sur un diagnostic faussé de la réalité, se concentrer sur une action concrète ayant des effets immédiats. Voilà notre travail. C'est tout sauf du renoncement.

Nous voulons lutter contre ce populisme qui ment, qui utilise l'angoisse que crée l'urgence climatique chez les Français pour les inciter à se tourner vers des choix faciles et des discours à première vue rassurants. Il faut le dire aux Français : sur les questions environnementales, bien plus peut-être encore que sur d'autres, les beaux parleurs sont dangereux. Celui qui leur dit que la transition écologique est chose facile, qui lance des « y'a qu'à, faut qu'on », celui-là leur ment. Si c'était facile, tous ceux qui sont passés ici, sur ces bancs, avant cette majorité, l'auraient fait ! Si c'était facile, la taxe carbone, formidable outil sur le papier, encouragé par les ONG environnementales, n'aurait pas fait mettre des gilets – jaunes, eux – aux Français.

Nous appartenons à une génération qui ne veut plus se contenter de la facilité des grandes paroles mais qui doit se remonter vraiment les manches pour s'attaquer aux difficultés tout en montrant aux Français que la société écologique que nous voulons, que nous bâtissons, sera beaucoup plus solidaire et que le combat vaut la peine d'être mené. C'est cet esprit qui a dicté les travaux autour du projet de loi anti-gaspillage. Nous montrons ainsi que nous avons les moyens de mener une politique écologique qui soit en même temps une politique de croissance. L'économie circulaire, c'est le système qui réconcilie ces mots, économie et écologie, à l'étymologie si proche, que l'on a pourtant si longtemps opposés.

Oui, nous pouvons réduire notre empreinte carbone et utiliser moins de ressources tout en gagnant en qualité de vie et en pouvoir d'achat, tout en admirant aussi la beauté de nos paysages français, car notre projet écologique doit aussi susciter l'émotion pour créer l'adhésion. C'est la seule chose qui doit animer nos débats, dans un esprit de vérité et de sincérité.

Je tiens, en conclusion, à remercier toutes celles et tous ceux qui ont beaucoup travaillé sur ce projet de loi, à commencer par mon équipe, ici présente, que je félicite.

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