Intervention de Annie Chapelier

Réunion du mercredi 15 janvier 2020 à 9h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Chapelier :

Je vous remercie, mes chers collègues, pour le compte rendu de mission que vous venez de présenter, sur votre déplacement à Rome qui nous a permis d'appréhender l'immense complexité des relations bilatérales entre nos deux pays.

Si chacun sait que tous les chemins mènent à Rome, c'est bien parce que Rome, la ville éternelle, occupe une place à part non seulement en Italie, mais dans toute l'Europe. Pour rappel, elle fut longtemps le coeur du pouvoir administratif puis celui du pouvoir religieux. Cette charge de symbole n'est pas anodine pour la capitale de l'Italie. Il s'agit d'une dimension que peu de villes dans le monde peuvent porter et signifier. L'Histoire a un poids et ce poids persiste très longtemps.

L'Italie est notre proche voisine, notre soeur d'histoire. Elle nous a donné des reines, des batailles célèbres, elle nous a même délocalisé temporairement des papes. Nos histoires sont emmêlées, comme dans un film de Fellini, nos relations n'ont jamais été ennuyeuses et se ponctuent parfois de coups d'éclat pour rappeler la passion qui nous anime respectivement avec l'acmé, en février 2019, du rappel temporaire de notre ambassadeur.

Les analystes décrivent l'évolution entre nos deux pays respectifs comme ayant de moins en moins de liens institutionnels et idéologiques. Mais si les vies politiques de nos pays se ressemblent de moins en moins, nous continuons cependant à affronter les mêmes enjeux.

Un des noeuds de ces points de questionnement est celui de la question des migrants, que vous avez largement évoquée.

Depuis plusieurs années, l'Italie fait face à un important afflux de migrants, qui est cependant en nette baisse depuis l'été 2017. En 2019, il n'y a eu que 11 471 personnes pour 23 370 en 2018. Mais les îles de Sicile et plus encore de Lampedusa (l'île du fameux Gattopardo) restent malgré tout le théâtre de notre échec collectif européen de la crise migratoire et, quelque part, la honte de l'Europe.

La nuit du 8 juin 2019 a été un des temps marquants de cette crise, quand les marins de l'Aquarius ont sauvé 229 naufragés et embarqué 400 autres personnes, provoquant une situation apocalyptique.

Les gouvernements italien et maltais ont alors refusé d'accueillir le navire bondé, utilisant l'argument selon lequel le navire ferait le jeu des passeurs et des trafiquants d'êtres humains. Le ton est monté entre l'Italie et la France, c'est la tension que vous avez largement décrite de l'Italie à l'égard de la France.

Sur le sujet de l'immigration qui est au coeur de vos échanges avec vos homologues italiens, j'aimerais davantage entendre votre analyse sur la possibilité d'une politique migratoire européenne commune où les Italiens, qui sont au coeur du problème, avec une approche réelle par leur vécu et non par la théorisation, pourraient apporter, avec leurs témoignages et leurs expériences, la constitution et la construction d'un squelette d'une nouvelle politique européenne commune.

Il faudrait également revoir la pertinence du règlement Dublin, inventé dans les années 1990, à une époque où personne n'avait anticipé les nouvelles formes de migration que nous avons connues et qui vont continuer sous des aspects protéiformes, qu'on ne peut encore ni appréhender ni évaluer en nombre.

Enfin, j'aimerais également vous entendre davantage sur le mouvement des Sardines, mouvement d'inspiration antifasciste et anti-populiste pour savoir s'il a une place à jouer dans le paysage politique italien toujours mouvant, et en particulier dans les prochaines élections régionales.

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