Intervention de François de Rugy

Réunion du mercredi 15 janvier 2020 à 9h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Je voulais surtout faire une remarque pour appuyer ce que d'autres ont dit sous d'autres formes, sur le fait qu'il faut vraiment sortir de toute posture de donneur de leçons à l'égard de nos voisins italiens, avec lesquels nous avons tout intérêt à maintenir des liens extrêmement forts et approfondis dans l'Europe, malgré des divergences politiques.

Il faut évidemment savoir parler avec franchise, savoir aussi faire preuve de fermeté et condamner comme cela a été le cas lorsqu'il y a eu ingérence dans les affaires intérieures. Le fait que Luigi Di Maio ait rencontré un groupe de « gilets jaunes », avec une sorte de mise en scène, n'est pas acceptable dans une relation entre deux pays amis et cela doit être dit très clairement. De la même façon, la démonstration, peu de temps après, de l'amitié renouvelée entre le président de la République française et le président de la République italienne, avec le symbole de Chambord, était une bonne chose.

J'ai eu l'occasion de rencontrer l'actuel président de la Chambre des députés, Roberto Fico, peu de temps après son élection. J'avais pris cette initiative en tant que président de l'Assemblée nationale. Certains l'avaient d'ailleurs un peu critiquée, en l'interprétant comme une façon de valider le choix d'une coalition qui à l'époque était celle du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue. Je l'avais fait dans une volonté de compréhension mutuelle. Pour se comprendre, il faut déjà se parler et c'était tout simplement une coalition issue des élections.

Roberto Fico vient du Mouvement 5 étoiles, est considéré plutôt comme l'aile gauche du Mouvement 5 étoiles et d'ailleurs est aussi très impliqué dans des combats écologiques. Je crois que nous aurions tort de regarder le Mouvement 5 étoiles comme un mouvement uniquement populiste, qu'il est à bien des égards ; c'est un mouvement composite dans lequel il y a des histoires personnelles assez variées.

J'ai également eu l'occasion, lorsque j'étais ministre, de fréquenter le ministre de l'environnement issu de ce mouvement et j'ai constaté qu'il appuyait la position de la France sur l'ambition écologique à des moments clés.

Ces deux expériences me confortent dans l'idée qu'il faut absolument maintenir les liens avec l'Italie, faire l'effort de comprendre ce qu'il s'y passe et vous y avez contribué, non seulement avec vos échanges sur place, mais aussi avec votre compte rendu.

À l'époque, Roberto Fico m'avait dit que cette coalition illustrait la gestion d'un parlement et donc ensuite d'un gouvernement élu à la proportionnelle. Une élection qui est aux deux tiers à la proportionnelle pour la Chambre des députés italiens requiert de savoir bâtir des coalitions qui ne sont pas celles que l'on souhaiterait forcément spontanément. Je le dis parce que ceux qui prônent la proportionnelle en France sont parfois ceux qui sont les plus critiques sur ce qui peut ensuite en sortir.

Le changement d'alliance peut paraître un peu baroque vu de France.

L'alliance Mouvement 5 étoilesLigue était tout aussi « dans le dos du peuple » par rapport à ce qui avait été dit pendant la campagne électorale en Italie en 2018.

Le changement d'alliance relève de la gestion d'une Chambre élue à la proportionnelle, ce qui nous impose de respecter les résultats d'une élection démocratique, car personne ne peut contester que les élections en Italie sont démocratiques.

Je crois que les relations parlementaires peuvent contribuer à cette compréhension et à ce respect mutuels. Je ne reviens pas sur ce que vous avez dit sur les migrants, mais les Italiens ont tous souligné le sentiment d'avoir été très seuls dans la gestion de cette crise.

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