Intervention de Adrien Taquet

Séance en hémicycle du mercredi 29 janvier 2020 à 15h00
Protection des victimes de violences conjugales — Article 11

Adrien Taquet, secrétaire d'état auprès de la ministre des solidarités et de la santé :

J'ajouterai quelques éléments pour compléter les propos de Mme la rapporteure. Vos interventions, mesdames et messieurs les députés, soulèvent deux questions. La première est celle du rattachement de cet article au projet de loi, même s'il y était initialement inscrit. La question sous-jacente est donc celle du rapport entre l'exposition des mineurs à la pornographie et les violences conjugales qui pourraient se produire plus tard. La deuxième, tout à fait légitime, tient à ce que le problème mériterait une réflexion plus approfondie, plus longue et plus vaste.

Sur la première question, quelques éléments de contexte : nos jeunes, les enfants de France, sont de plus en plus nombreux à être exposés à la pornographie, et de plus en plus tôt. De fait, on considère aujourd'hui que plus de 50 % des mineurs sont exposés à de la pornographie et que l'âge moyen de la première exposition se situe autour de 14 ans. Il arrive donc que des gamins de 10 ou 11 ans subissent ce que je considère comme une véritable violence faite aux enfants.

Parmi ces enfants exposés à la pornographie, près d'un sur deux nous dit que ces films ont participé à son apprentissage de la sexualité. D'autre part, 25 % des filles nous disent que, lors de leur premier rapport sexuel, elles ont essayé de reproduire ce qu'elles y avaient vu, ce qui est aussi le cas pour 20 % des garçons. Ces films participent donc à la construction de leur identité sexuelle, de leur relation à l'autre et de leur relation à la sexualité. Or vous conviendrez avec moi qu'il s'y exprime une certaine domination de l'homme sur la femme, que la notion de consentement y est quelque peu viciée, et que cela peut avoir des effets sur la façon dont les hommes, mais aussi les jeunes filles, se comporteront dans le cadre de relations sexuelles consenties. Ces films portent atteinte à la notion de consentement et encouragent le développement du sexisme et une réification du corps, en particulier celui des femmes.

Sans le systématiser pour autant, il existe donc une sorte de continuum entre une exposition trop précoce à des films pornographiques et des comportements violents qui pourraient se manifester par la suite. Pour aller plus loin – mais ce point fera l'objet d'autres travaux, d'autres débats et d'autres réflexions – , il m'est difficile de ne pas faire de lien entre la généralisation et le caractère précoce de l'exposition à la pornographie et le développement d'un autre phénomène, sur lequel plusieurs d'entre vous, dont Mustapha Laabid, ont commencé à réfléchir : celui de la prostitution infantile.

J'en viens à la question soulevée, notamment, par Mme Boyer – qui nous a quittés.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.