Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du mercredi 22 janvier 2020 à 11h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères :

Je suis ravi d'être avec vous pour honorer une promesse déjà ancienne : éclairer votre commission, autant que faire se peut, sur les moyens et les priorités de notre diplomatie culturelle et éducative.

Mon ministère est en effet un acteur à part entière de la conception et de la mise en oeuvre des politiques publiques dans ces deux domaines que sont la diplomatie culturelle et éducative aux côtés, bien sûr, de nombreux acteurs de l'État, et notamment les ministères de la culture, de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur. Avec Franck Riester, Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal, nous travaillons ainsi de manière coordonnée et cohérente. L'exemple le plus significatif, vous l'avez rappelé, est notre présidence commune avec Franck Riester, il y a quelques jours, du conseil d'orientation stratégique de l'Institut français de Paris. Je peux vous garantir que nous sommes totalement en phase sur toutes les orientations que nous souhaitons donner à l'Institut et à l'action culturelle hors de nos frontières.

Au sein de cet écosystème interministériel, le Quai d'Orsay, qui est par nature tourné vers l'international, occupe une place singulière. À Pékin comme à Lyon, on défend la culture française ; à Mexico comme à Marseille, on prépare les lycéens au baccalauréat – pas de la même manière, bien sûr, mais l'objectif politique est le même : promouvoir nos valeurs et notre modèle culturel, qui sont d'autant plus forts que nous savons les faire rayonner au-delà de nos seules frontières nationales. Promouvoir notre modèle culturel, ce n'est rien moins que consolider la souveraineté et la place de notre pays et de l'Europe dans la mondialisation.

Rappeler ces évidences ne suffit malheureusement pas toujours à dissiper les malentendus. Trop souvent – pas dans cette commission, bien sûr – on a considéré la diplomatie culturelle au mieux comme une sorte de supplément d'âme pour ambassadeur lassé de la realpolitik, au pire, comme notre violon d'Ingres, pour ne pas dire – je l'ai déjà entendu – comme « la danseuse du Quai d'Orsay », une « danseuse » entretenue, cela va sans dire, à grands frais et en pure perte : ce domaine serait ce vers quoi l'on se tourne lorsqu'on a fini de gérer les crises et d'empêcher les conflits ; cela n'étant pas d'actualité, nous ne nous en occuperions donc pas. L'idée que nous ne nous préoccuperions de tous ces enjeux uniquement après est elle aussi complètement fausse.

Je souhaite donc vous rappeler l'importance stratégique de la diplomatie d'influence au regard de l'ensemble de nos priorités diplomatiques, qui plus est dans un contexte de concurrence exacerbée sur la scène internationale. Les diplomates ne tournent pas le dos à la diplomatie dès qu'ils se mettent à parler de culture et d'éducation !

Le premier des combats que je mène pour la diplomatie culturelle et éducative, c'est précisément, d'abord, contre des idées aussi erronées. Je l'ai souvent dit et je tiens à le répéter aujourd'hui avec force : la diplomatie d'influence, ce n'est pas « la cerise sur le gâteau » mais, au contraire, l'un des piliers de la nouvelle diplomatie globale que nous travaillons à inventer, une diplomatie du XXIe siècle en phase avec les grands enjeux d'aujourd'hui, attentive à tous les nouveaux acteurs de la vie internationale, à commencer par les sociétés civiles.

Une diplomatie efficace, en effet, ne s'adresse pas seulement aux États mais aussi à tous ceux qui jouent un rôle au sein des sociétés : artistes, entrepreneurs, fondations, ONG, collectivités locales… Plus que jamais, pour « capter l'humeur du monde », il faut sortir des chancelleries et investir pleinement l'espace public afin d'être au plus près des réalités vécues par les peuples. C'est ce que l'on attend, c'est ce que j'attends aujourd'hui de plus en plus de la part de nos diplomates.

Au fond, la question est double : que peut notre diplomatie pour la culture et l'éducation ? Que peuvent la culture et l'éducation pour notre diplomatie ?

Agir pour le rayonnement culturel de notre pays à l'étranger, c'est d'abord défendre un patrimoine, bien sûr, mais c'est aussi défendre la création et les créateurs, tout autant que des métiers et des savoir-faire, des industries et des filières professionnelles. C'est aussi encourager l'internationalisation de nos musées et, bien sûr, ouvrir de nouvelles portes, en France et à l'étranger, aux artistes français et internationaux.

De ce point de vue, mon ministère est à proprement parler le service public de la culture et de l'éducation à l'international. L'enjeu est donc d'être au service de nos « usagers », dans l'intérêt général. En l'espèce, le service public de la culture, à l'international, se doit d'être au rendez-vous des besoins, ceux de nos partenaires certes, notamment dans les pays en développement, mais aussi ceux des Français, des filières professionnelles et des entreprises culturelles françaises.

En ce sens, il faut considérer que la diplomatie est d'abord au service du patrimoine culturel. Grâce à la mobilisation de notre réseau, ce dernier bénéficie de soutiens internationaux étatiques ou privés. Comme en a témoigné le formidable élan de solidarité envers la France qu'a suscité l'incendie de Notre-Dame de Paris, le patrimoine est un bien commun mondial, il a de très nombreux amis partout dans le monde qui ne demandent qu'à nous aider à en prendre soin et à mettre en valeur le nôtre. J'ai cité Notre-Dame de Paris mais je pourrais également citer le théâtre impérial du château de Fontainebleau, qui a pu renaître grâce à un mécénat émirien.

C'est la même logique qui nous anime dans le cadre de l'ALIPH, l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflits, dont nous sommes à l'origine et que nous développons aujourd'hui, en particulier en Irak en reconstituant des équipements très importants, notamment à Mossoul, qui ont été détruits par Daech. La sauvegarde du patrimoine est donc un enjeu essentiel de notre diplomatie culturelle.

Notre diplomatie est aussi au service de nos institutions culturelles, à qui nous servons de relais pour trouver des mécènes internationaux et prendre pied à l'étranger. Aujourd'hui, le Louvre est à Abu Dhabi – formidable réalisation ! –, le Centre Pompidou à Shanghai – j'ai d'ailleurs assisté avec le Président de la République au lancement de ce projet. Ces magnifiques réalisations, qui sont autant de relais de l'influence française, n'auraient pas vu le jour sans un travail diplomatique préalable.

La diplomatie, enfin, est au service de la création contemporaine, notamment émergente. Nous cherchons ainsi à toujours mettre en avant les artistes français dans les grands événements internationaux comme la Biennale de Venise pour l'architecture ou l'art contemporain, dont l'Institut français de Paris est l'opérateur. Chaque fois que nous invitons un écrivain ou un intellectuel français à parler de son oeuvre dans l'un de nos Instituts à l'étranger, nous soutenons la création culturelle contemporaine et nous renforçons notre capacité d'attraction.

La diplomatie culturelle permet également de faire dialoguer les peuples entre eux en mettant à l'honneur les autres cultures du monde. Ces échanges, ces croisements contribuent aussi à leur manière à construire une mondialisation à visage humain et à bâtir un monde commun. Tel est par exemple l'objectif de la saison Africa 2020, qui commencera dans de nombreuses villes de France au mois de juin et durera six mois : en lien étroit avec nos partenaires du continent, nous l'avons conçue comme « une invitation à regarder et à comprendre le monde d'un point de vue africain », comme l'a dit très justement sa commissaire générale, l'architecte N'Goné Fall, avec laquelle nous travaillons pour promouvoir cette nouvelle image de l'Afrique.

Tout cela, nous le faisons pour l'amour de l'art, qui n'a par définition pas d'autre fin que lui-même, mais nous le faisons aussi pour l'image de notre pays et pour la consolidation de notre modèle culturel. Ce qui ne nous empêche nullement, dans le même temps, de défendre nos propres intérêts économiques.

Promouvoir nos industries culturelles et créatives, les ICC, sur les marchés internationaux, c'est renforcer l'une de nos filières les plus dynamiques à l'export, une filière dont le chiffre d'affaires a atteint en 2018 plus de 90 milliards d'euros et qui représente 3 % de la richesse nationale. Nous avons de ce point de vue identifié avec les professionnels 37 pays prioritaires et j'ai chargé nos ambassadeurs d'élaborer des plans d'action pays par pays, adaptés aux marchés locaux, pour servir au mieux les filières françaises dans leurs recherches de partenariats et dans la conquête des marchés internationaux. Le 28 novembre dernier, nous avons ainsi lancé les états généraux des ICC, lesquels rendront leurs conclusions au Président de la République au mois d'avril à propos de la structuration de leurs filières et de leurs capacités de projection à l'étranger. Chaque pays concerné disposera d'un référent afin d'appliquer le plan d'action des ICC.

Lorsque c'est nécessaire, il faut aussi savoir se battre sur le terrain des normes. C'est le sens du combat que nous avons mené à Bruxelles en faveur des droits d'auteur – vous connaissez très bien le sujet. En effet, sans droits d'auteur, pas de rémunération de la création, sans rémunération, pas de création : c'est aussi simple que cela. Loin d'être un combat du passé, les droits d'auteur sont donc essentiels pour préserver la vigueur de notre culture.

La culture, précisément, est un puissant vecteur d'activité et d'attractivité. Il est essentiel de rappeler les retombées économiques pour tous nos territoires, lesquelles résultent de notre capacité de projection culturelle internationale, ce qui est bon pour l'emploi, pour le tourisme, pour l'image, pour l'influence. Un seul exemple : l'an dernier, nous avons créé un « Comité France du film indien » qui réunit plusieurs de nos opérateurs – Atout France, Film France, Unifrance, Business France – pour accroître le nombre de tournages de productions indiennes en France d'ici 2022. Comme le disait Malraux, si le cinéma est un art, c'est aussi une industrie qui nous permet de développer notre stratégie d'influence.

Faire de la diplomatie culturelle, c'est donc aussi d'une certaine manière faire de la diplomatie économique, mais pas seulement.

Comme je l'ai dit en commençant mon propos, la diplomatie culturelle, dans la mesure où nous cherchons à en faire une diplomatie d'influence, sert l'ensemble de nos priorités diplomatiques. Pour reprendre une formule célèbre, je dirais que l'influence, c'est la continuation de la diplomatie par d'autres moyens.

C'est d'abord un moyen de parler à nos partenaires autrement – je dirais même « complètement » – et de toucher directement les sociétés civiles, la jeunesse notamment. Il s'agit de les « toucher », presque au double sens du terme car la diplomatie d'influence et, singulièrement, la culture, ne s'adressent pas seulement à l'esprit mais aussi au coeur des peuples. De plus en plus, il faut aujourd'hui compter avec les sociétés civiles, qui sont devenues des acteurs à part entière et des stabilisateurs de l'ordre et du désordre international. Il faut les écouter pour faire passer nos messages. Toutes les initiatives que nous prenons dans nos postes – projeter un film, organiser un débat, travailler avec le tissu associatif local, avec la jeunesse – sont autant d'invitations, pour le public étranger, à se poser les questions que nous nous posons, autant d'occasions, pour nous, d'engager le dialogue, de contribuer – même modestement – au renforcement des capacités des sociétés civiles de nos partenaires et, dans le même temps, à l'ouverture au monde de la société française, autant d'occasions pour nous, enfin, de tenter de déceler les tendances qui voient le jour dans les consciences. C'est évidemment un exercice très difficile mais essentiel quand on voit à quelle vitesse une situation peut aujourd'hui s'embraser comme c'est le cas en Amérique latine, au Moyen-Orient, voire même en Europe.

La cinquième édition de la Nuit des Idées, qui aura lieu le 30 janvier prochain, est l'exemple le plus frappant d'une telle volonté. Cette année, nous avons choisi le thème « Être vivant » et nous recevrons dans nos ambassades, au Quai d'Orsay et dans plus de cent lieux partenaires, des citoyens et des experts engagés sur la question du climat et de la biodiversité.

Voilà donc une action de diplomatie culturelle qui s'inscrit dans l'agenda environnemental que défend notre pays sur la scène internationale, en particulier alors que nous nous apprêtons à accueillir à Marseille le congrès mondial sur la nature et que nous travaillons à la COP26 sur le climat qui se déroulera à Glasgow en fin d'année. Cette action de diplomatie culturelle contribue à faire avancer les choses, la défense de nos biens communs appelant la mobilisation de tous.

La diplomatie d'influence est aussi un moyen de donner un ancrage solide, profondément humain, à nos partenariats diplomatiques. C'est une manière de mobiliser l'ensemble de la société autour de la coopération internationale, laquelle est loin d'être l'affaire des seuls diplomates. Rien de tel que de se retrouver autour d'un imaginaire commun, de récits partagés, pour tisser des liens de confiance. C'est le sens de nos saisons culturelles croisées – France-Israël en 2018, France-Roumanie en 2019 et Africa 2020, que je viens d'évoquer, avant la saison croisée avec le Portugal en 2021, puis avec le Japon. Les deux pays concernés échangent, créent, partagent des manifestations artistiques et dessinent des convergences éducatives. Là encore, la diplomatie d'influence sert très directement l'une de nos priorités majeures.

C'est cette même démarche qui nous anime quand nous mettons au service de l'Arabie saoudite ce projet considérable qu'est Al-Ula. Il nous permet de mobiliser notre expertise archéologique et muséale, de valoriser un endroit magnifique et d'accompagner ce pays sur la voie d'une modernité nécessaire en l'aidant à s'approprier une part de lui-même, jusqu'à présent insoupçonnée car appartenant à une période préislamique et pré-arabe. L'engagement autour de ce projet est exemplaire, à la fois pour la place de la France et pour le partage d'initiatives culturelles et, je dirais, presque révolutionnaire.

La diplomatie culturelle et éducative nous permet d'agir autrement face à nos défis communs.

Je tiens à cet égard à souligner l'un des axes prioritaires : la promotion, singulièrement en Afrique, d'initiatives concernant l'enseignement supérieur en étant au plus près des étudiants afin de nous différencier d'autres projets, d'autres pays. Nous avons ainsi créé le Campus franco-sénégalais, l'Université franco-tunisienne pour l'Afrique et la Méditerranée ou, encore, le Hub régional franco-ivoirien pour l'éducation. Nous nous efforçons d'exporter l'excellence de notre système d'enseignement supérieur au plus près des étudiants, là où ils vivent. Avec Frédérique Vidal, nous avons décidé de donner une nouvelle impulsion en Afrique à cette capacité de projection internationale des établissements d'enseignement supérieur français : le Plan pour l'éducation en Afrique agrège ainsi les compétences et les financements de l'Agence française de développement, de l'Agence nationale de la recherche et de Campus France pour permettre à des universités françaises de constituer des partenariats d'excellence avec des établissements africains. Les étudiants trouveront ainsi la qualité et l'excellence dans leurs propres pays et sur leurs propres territoires.

La diplomatie culturelle et éducative est également une diplomatie de puissance.

Pendant très longtemps, on a distingué le hard power de ce que l'on appelait un peu trop vite le soft power, or, l'expansion spectaculaire des Instituts Confucius, l'essor des séries télévisées turques, d'autres initiatives d'autres pays montre que cette frontière est en train de disparaître : derrière toutes ces stratégies d'influence, ce sont des stratégies de puissance qui se dessinent. Nous devons pleinement nous engager dans ces nouvelles batailles et y jouer notre propre partition.

L'influence se construit sur le temps long – nous devons donc nous montrer très rigoureux – mais elle peut aussi se détériorer très rapidement. Je suis quant à moi déterminé : nous devons nous battre pour valoriser cette stratégie diplomatique et éducative car nous avons un modèle à faire valoir, un modèle fondé sur l'humanisme européen et l'esprit des Lumières, un modèle de pluralisme et d'ouverture qu'il ne s'agit pas d'imposer – nous n'en avons ni le désir, ni les moyens – mais de proposer au reste du monde, un modèle qui défend nos idéaux de liberté et d'égalité, qui défend également une certaine idée de la mondialisation : pour nous, celle-ci n'a de sens qu'à l'horizon de notre commune humanité. C'est pourquoi nous agissons pour provoquer les rencontres et faire naître les échanges.

C'est au nom de ce modèle que nous avons bâti avec nos partenaires émiriens le premier musée à vocation universelle du monde arabe : le Louvre Abu Dhabi. C'est au nom de ce modèle que nous défendons le patrimoine en danger. C'est au nom de ce modèle que nous nous battons pour la francophonie, pas une francophonie de conquête – cette époque est révolue –, mais une francophonie du plurilinguisme, de la diversité et de la souveraineté culturelle, qui puisse être un atout dans la mondialisation.

Une langue ne sera jamais un simple instrument de communication. Pour ceux qui l'ont en partage, elle tisse leur rapport avec le monde, leur manière de le voir. Défendre le plurilinguisme, c'est être convaincu que nous pouvons tous bénéficier de cette pluralité de regards – d'où l'importance du Plan pour la promotion de la langue française et le plurilinguisme présenté par le Président de la République lors de son discours à l'Institut de France en mars 2018. Alors que 2020 est l'année du cinquantième anniversaire de la création de la Francophonie, le Sommet de Tunis, en décembre prochain, doit être le lieu de la mobilisation de la France et de ses partenaires francophones au service de ce projet politique.

C'est au nom de ce modèle que nous agissons, avec Jean-Michel Blanquer, pour donner un nouvel élan à l'enseignement français à l'étranger et atteindre l'objectif ambitieux fixé par le Président de la République : doubler le nombre d'élèves d'ici 2030 tout en continuant bien sûr à mettre nos établissements au service de nos compatriotes qui ont choisi à l'étranger de scolariser leurs enfants dans le réseau français mais, aussi, en attirant beaucoup plus d'élèves étrangers, lesquels représentent déjà deux tiers des effectifs scolarisés dans nos établissements.

C'est toujours au nom de ce modèle que nous allons travailler à adapter notre audiovisuel extérieur afin de toucher un plus large public – notamment, la jeunesse d'Afrique et du Moyen-Orient – et de combattre les atteintes à la démocratie par les manipulations de l'information. Alors que vous vous apprêtez à examiner le projet de loi relatif à la communication audiovisuelle et à la souveraineté culturelle à l'ère numérique, vous pouvez compter sur ma détermination pour que l'audiovisuel public ait les moyens de relever les défis de la bataille de l'information à l'étranger et d'assurer, précisément, notre souveraineté culturelle. C'est là aussi un enjeu de puissance.

C'est également à partir de ce modèle que nous confortons notre politique d'aide au développement : développement et diplomatie culturelle sont en effet deux leviers au service d'une même vision de la mondialisation.

Dans cet esprit, j'ai fait en sorte que nous puissions conserver tous nos moyens pour assurer un tel modèle culturel et éducatif. J'ai veillé à ce que, sur le plan budgétaire, nous puissions sanctuariser les crédits du réseau culturel pour la troisième année consécutive alors qu'ils constituaient souvent la variable d'ajustement car, dans l'esprit de certains, la diplomatie culturelle constituait un outil de seconde zone. En arrivant aux responsabilités, j'ai donc procédé à un choix un peu radical visant à préserver et à sanctuariser les crédits affectés à cette dimension importante de l'action de mon ministère.

Le formidable instrument dont nous disposons pour agir doit être préservé : 500 Instituts français dans les ambassades, 835 Alliances françaises, 27 instituts de recherche et 522 lycées et écoles. La pérennité du plus grand réseau éducatif au monde doit être assurée tant celui-ci est exceptionnel par son ancienneté, sa densité et sa qualité, et nous donne ainsi une force de frappe considérable.

Cette année, les moyens alloués à l'AEFE ont été renforcés à hauteur de 25 millions. Ils augmenteront au même rythme dans les années à venir pour permettre d'atteindre l'objectif fixé par le Président de la République de doubler le nombre d'apprenants du français d'ici 2030.

Nous avons également créé un nouvel instrument financier, le Fonds de solidarité pour les projets innovants, qui nous permettra d'agir rapidement dans le domaine culturel au service de la valorisation d'un patrimoine et de projets innovants avec la société civile afin que nos postes se montrent réactifs et efficaces, en articulation avec la société civile des pays concernés.

Je me soucie de maintenir aux Instituts français leur statut d'établissement à autonomie financière, seul à même de donner au réseau la réactivité, la souplesse de gestion et la capacité d'autofinancement nécessaire. Il faudra faire en sorte de pouvoir modifier le dispositif juridique avec le ministère de l'action et des comptes publics afin de trouver une solution garantissant la performance de notre réseau culturel et de coopération à l'étranger. Ce n'est pas uniquement un enjeu technique et juridique : cela relève du choix de la France de maintenir la culture au centre de son activité diplomatique. Peut-être serez-vous un jour saisi de cette question.

Nous assurons également le pilotage stratégique du réseau et de nos opérateurs – j'ai fait référence, tout à l'heure, au comité d'orientation stratégique de l'Institut français, qui a permis d'adopter un nouveau contrat d'objectifs et de moyens. Votre collègue Valérie Gomez-Bassac était à nos côtés. Ce nouveau COM permettra à l'Institut français d'être plus organisé, mieux articulé avec les autres opérateurs de l'action culturelle extérieure, et de se rapprocher de la Fondation Alliance française, comme l'a souhaité le Président de la République. Jusqu'à présent, des améliorations notables de coopération ont été constatées afin de conforter ces deux outils pour l'enseignement du français à l'étranger.

Je me déplace beaucoup dans le monde et j'ai pu constater hier encore à Alger le « désir de France ». Celui-ci doit se traduire en un avantage compétitif, à condition que notre stratégie d'influence repose sur une volonté d'affirmer notre diplomatie culturelle et éducative mais, aussi, d'être en pleine phase avec les peuples concernés, avec les sociétés civiles des pays avec lesquels nous devons nouer des partenariats constructifs. Tel est le sens de notre action ; c'est ainsi que je conçois la diplomatie culturelle et éducative, dont je suis en partie chargé, en particulier s'agissant de sa projection à l'étranger.

Je tenais à opérer cette clarification avant d'engager une discussion sur différents points sur lesquels je pourrai ou ne pourrai pas répondre, selon les préoccupations qui sont les vôtres.

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