Intervention de Cécile Untermaier

Séance en hémicycle du jeudi 30 janvier 2020 à 15h00
Interdiction du cumul d'une pension de retraite et de certaines indemnités d'activité — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCécile Untermaier :

Je vous prie tout d'abord de m'excuser de n'avoir pu assister à l'ensemble de cette séance, car j'étais retenue par les travaux d'une commission sur l'indépendance de l'autorité judiciaire. Je tenais toutefois à participer au présent débat, en particulier pour saluer le rapporteur et le féliciter de sa ténacité et de sa sincérité dans ce combat – qui ne devrait pas en être un, puisque l'objectif est simplement de proposer une règle commune pour le calcul du cumul des retraites et des indemnités versées pour présider une AAI ou une API. Il s'agit tout simplement de garantir une rémunération raisonnable à toutes celles et tous ceux qui font le choix de servir la République.

Il n'est jamais facile d'aborder cette question dans l'hémicycle, car elle apparaît intrusive et souvent malveillante, et le politique redoute toujours d'abîmer un peu plus la classe politique, qui n'en a pas besoin. Cependant, le citoyen attend le législateur sur ce point et il importe que l'Assemblée nationale poursuive son travail. J'entends, monsieur Vuilletet, que votre majorité a travaillé en ce sens, comme nous l'avons fait en 2013 avec la création d'une autorité indépendante, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.

Un ouvrage récent a présenté une étude sérieuse qui évoque la voracité pour l'argent manifestée par la haute fonction publique, affirme que le sacerdoce républicain appartient au passé et constate que le pantouflage et rétropantouflage est devenu un sport de masse, avec son lot d'abus d'argent et de conflits d'intérêt. L'audition du nouveau président de la HATVP nous a permis de dire combien nous comptions sur cette autorité indépendante pour que soit enfin réalisé le travail qui n'était pas fait par la commission de déontologie de la fonction publique et pour que des données objectives nous permettent d'avancer. L'Observatoire de l'éthique publique travaille dans ce domaine avec des députés issus de tous les bancs. Aucun de ces députés, dont je fais partie, n'est animé d'un esprit de revanche ou d'envie et tous ne veulent, en réalité, que prévenir des dispositifs délétères qui finissent par abîmer la République.

Comme cela a été dit, le texte que nous examinons a pour objectif de cadrer davantage les rémunérations des fonctionnaires les mieux payés, dans un contexte où les citoyens demandent de plus en plus de justice, d'équité et de transparence de la part des institutions.

Son premier article met fin aux dérogations dont bénéficient certains hauts fonctionnaires et qui permettent le cumul intégral d'une pension de retraite avec la rémunération d'une charge publique – certains hauts fonctionnaires cumuleraient ainsi jusqu'à 30 000 ou 40 000 euros de revenus mensuels. L'article 2 plafonne la rémunération maximale des dirigeants des autorités administratives indépendantes et des autorités publiques indépendantes. Enfin, l'article 3 soumet les rémunérations à l'exigence de transparence en prévoyant que le Parlement doit être informé non seulement des différentes nominations, mais également des rémunérations allouées. J'avais, du reste, déjà annoncé à la commission des lois que ce dispositif allait être mis en oeuvre.

La réforme des retraites de 2014 a modifié en profondeur le mode de fonctionnement du cumul emploi-retraite et prévoit qu'un fonctionnaire ne peut bénéficier du cumul intégral de ses revenus : le cumul est interdit au-delà d'un seuil global annuel de 65 000 euros environ. Il est bon que ce seuil d'écrêtement existe, mais il souffre cependant de plusieurs dérogations qui permettent à certains de cumuler sans aucune restriction leur pension de retraite avec les indemnités de leur fonction. C'est donc une réelle avancée, mais qui ne règle pas selon un principe général la question du cumul d'une retraite avec un travail ou une indemnité. C'est là l'intérêt de la proposition de loi qui nous est soumise.

Son objet a pourtant déjà été débattu, au printemps 2019, lors du vote du projet de loi de modernisation de la fonction publique, dont l'article 38 prévoit la publication d'un décret pour définir « les conditions dans lesquelles le montant des pensions de retraite perçues par les membres retraités est déduit de la rémunération qui leur est versée ». C'est à ce titre que les députés de la majorité ont rejeté la présente proposition de loi, renvoyant à ce décret qui devait être publié en décembre 2019 pour prendre effet à compter du 1er janvier 2020. Des retards, nous en avons nous aussi connu, mais à ce jour, nous n'avons toujours pas connaissance du contenu définitif de ce futur décret, ce qui nous met en situation délicate face à un projet qui recueille de notre part à tous un accord de principe et dont seules les modalités posent problème.

Le groupe Socialistes et apparentés est favorable au dispositif proposé par ce texte, qui oeuvre pour la transparence et la modération et que nous soutenons en ce qu'il érige une règle commune lisible, équitable et transparente, et nous conforte sur le chemin de la vertu républicaine.

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