Intervention de Ugo Bernalicis

Séance en hémicycle du vendredi 3 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Après l'article 62

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaUgo Bernalicis :

Je souhaite revenir rapidement sur l'amendement no 340 mais je précise tout d'abord que l'amendement que nous avons proposé sur le test osseux avait d'abord été déposé dans la mission « Immigration, asile et intégration » mais qu'il a été déplacé par le service de la séance – il aurait d'ailleurs pu l'être également dans la mission « Justice », si c'est l'autorité judiciaire qui l'organise et le finance. Quoi qu'il en soit, je laisse cela de côté et on va éviter d'utiliser des arguments qui n'ont pas lieu d'être dans cet hémicycle.

La politique du chiffre, donc. Le 22 août dernier, M. le ministre d'État Gérard Collomb déclarait sur BFM TV : « Si vous choisissez, pour faire du chiffre, ce qui est le plus facile à résoudre, ce n'est pas vraiment comme cela que vous assurerez la sécurité dans les quartiers. » Il n'a pas tort. Il a même raison ! Il ne serait d'ailleurs pas le premier à remettre en cause cette politique du chiffre et à ne pas agir en conséquence – je vous renvoie aux soixante engagements du Président Hollande.

Nous demandons donc qu'un rapport d'information nous soit remis sur ce que nous appelons avec d'autres la « bâtonite », cette pratique qui consiste à ranger des bâtons dans des cases. Alors que l'objectif affiché est de valoriser l'activité policière, cette action dévalorisante pour le policier lui-même est en train de détruire le métier à petit feu.

Nadège Guidou, docteur en psychologie, décrit ce phénomène dans son livre Malaise dans la police : « La hiérarchie transmet donc des ordres dont la réalisation va à l'encontre d'autres objectifs, plus fondamentaux aux yeux des agents. [… ] la tension créée par ces injonctions contradictoires se transforme en conflits internes : l'agent est contraint d'agir autrement, voire à l'inverse de ce qu'il désire et de ce qu'il aurait décidé en l'absence des statistiques. La quantification du travail policier telle qu'elle est actuellement conçue, porte atteinte aux valeurs morales, aux socles de la justice et de l'injustice, à l'identité professionnelle et aux fondements du travail bien fait des policiers. En cela, elle est source de souffrances. »

Je tiens à rendre hommage à tous ces policiers qui, sur le terrain, quotidiennement, agissent comme ils le peuvent et sont contraints de mettre ces bâtons dans des cases. Il faut en finir avec ce mode de gestion dans la police nationale !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.