Intervention de Cyril Chabanier

Réunion du mercredi 29 janvier 2020 à 15h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi instituant un système universel de retraite et le projet de loi organique relatif au système universel de retraite

Cyril Chabanier, président confédéral de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) :

On peut la critiquer mais, si l'on veut être honnête, il faut en faire autant pour l'ensemble des études réalisées par les différents instituts depuis plusieurs mois.

Cela étant dit – il faut savoir se faire plaisir parfois... –, la CFTC estime que le plafond de cotisation au régime universel, qu'il est proposé de limiter à 3 PASS, devrait être fixé à 4 PASS. Cela permettrait d'augmenter un peu les recettes et de mettre un tant soit peu à contribution les entreprises, qui sont tout de même, il faut en avoir conscience – mais ce peut être un choix –, celles à qui le projet du Gouvernement demande le moins d'efforts. Chacun doit faire un petit effort. De ce point de vue, le relèvement du plafond de cotisations peut être une solution. À ce sujet, je précise que nous proposerons, dans le cadre de la conférence, de revenir sur certaines exonérations fiscales consenties en faveur de l'épargne retraite individuelle, qui bénéficient, par définition, aux revenus les plus les plus élevés.

On l'a déjà dit, mais c'est très important : nous avons davantage un problème de recettes qu'un problème de dépenses. N'oublions pas que les gouvernements successifs ont fait le choix politique d'accorder des exonérations en s'engageant à les compenser. Sur les exonérations elles-mêmes, je ne porte pas de jugement. Mais lorsque l'État manque à son engagement de procéder aux compensations promises, il crée un certain déséquilibre. On peut ne pas s'engager à compenser, mais quand on le dit, il faut le faire.

Je ne reviens pas sur la question de l'emploi des seniors et de la retraite progressive, car je souscris aux propos de mon collègue sur ce point.

En ce qui concerne le maintien de la valeur du point, je ne suis pas fan des règles d'or, mais, dans la période actuelle, une telle règle me paraît indispensable.

Enfin, la CFTC peut comprendre que l'on veuille fixer un âge d'équilibre. Le problème tient au fait que cet âge d'équilibre est érigé en référence absolue du texte, qu'il s'agisse de la retraite progressive, des carrières longues ou de la pénibilité. On risque ainsi d'aller à l'encontre de la volonté de renforcer la solidarité, en faveur notamment des plus précaires. Nous voulons tous que la retraite progressive soit davantage utilisée, mais la référence à l'âge d'équilibre – et cela vaut aussi pour la pénibilité – entraîne un report de deux ans.

Je dirai même, pour aller au bout de mon raisonnement, que je ne serais pas choqué si, demain, certaines personnes, parce qu'elles n'exercent pas forcément un métier pénible ou parce que l'espérance de vie est plus longue, devaient travailler un peu plus longtemps. En revanche, les personnes qui exercent certains métiers pénibles pour lesquels on ne peut pas faire grand-chose, ni en matière de prévention ni en matière de reconversion, doivent pouvoir continuer à partir à 60 ans – et non pas deux ans avant d'avoir atteint l'âge d'équilibre car, si celui-ci est fixé à 64 ans, elles ne pourront partir qu'à 62 ans. Peut-être faudra-t-il, pour que certains partent plus tôt, que d'autres partent plus tard. En tout état de cause, l'âge d'équilibre ne peut pas être la référence absolue du texte : c'est une erreur et c'est contreproductif, à la fois pour les plus précaires et pour les femmes.

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