Intervention de François-Michel Lambert

Séance en hémicycle du jeudi 13 février 2020 à 9h00
Gel des matchs de football le 5 mai — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois-Michel Lambert :

Les instances du football français ont longtemps renâclé à interdire les matchs le 5 mai. Les arguments sont connus : une telle décision occasionnerait un dérèglement du calendrier, et nous savons bien qu'un jour sans football professionnel, c'est un jour sans retransmission de football. Mais un jour sans football professionnel, ce pourrait être aussi un jour pour nous interroger sur les valeurs de notre société, un jour pour rappeler que la communion collective doit toujours primer sur l'avidité et l'appât du gain. Faisons du 5 mai un jour de recueillement, où les belles valeurs du sport seront mises à l'honneur.

Albert Camus, l'enfant pauvre du quartier de Belcourt, qui était un très bon gardien de but, a déclaré : « Vraiment, le peu de morale que je sais, je l'ai appris sur les terrains de football et les scènes de théâtre, qui resteront mes vraies universités. »

Le football est un sport populaire dans toutes les acceptions du terme, un vecteur d'éducation. En jouant au football, les enfants acquièrent le goût de l'effort en commun et l'esprit d'équipe, en d'autres termes le sens de la fraternité. Comme tant d'autres sports et de pratiques artistiques, le football permet que s'estompent les différences d'origine ou de classe.

Depuis 1992, divers hommages ont été rendus et diverses initiatives ont ébauché une reconnaissance du drame de Furiani. Il faut, à ce titre, saluer le rôle joué par les victimes et leurs familles rassemblées au sein du collectif des victimes du 5 mai 1992. En 2015, la catastrophe de Furiani a été reconnue drame national, notamment sous l'impulsion du secrétaire d'État chargé des sports de l'époque, Thierry Braillard.

Ce combat a été aussi celui de notre ami Avi Assouly, député de la précédente législature, journaliste présent à Bastia sur la maudite tribune. Au sein même de cet hémicycle, avec son corps brisé, il s'est battu pour la reconnaissance du drame de Furiani, pour ceux qui, à côté de lui, sont morts ou ont été blessés le 5 mai 1992.

L'accord conclu en 2015 prévoit par ailleurs le gel des matchs de football professionnel le 5 mai, mais seulement lorsqu'il tombe un samedi. Cette avancée n'est évidemment pas satisfaisante. La catastrophe de Furiani a eu lieu un mardi et, comme l'a dit mon ami Michel Castellani, la douleur est présente tous les jours de la semaine. Avouons-le, la mesure proposée manque donc de lisibilité. Les incompréhensions nées de la programmation l'an passé de plusieurs matchs le 5 mai en témoignent.

Nous connaissons les tergiversations de la Ligue de football professionnel, de la Fédération française de football, et du Gouvernement ; mais votre position, madame la ministre, est désormais très claire.

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