Intervention de Béatrice Descamps

Séance en hémicycle du jeudi 13 février 2020 à 9h00
Gel des matchs de football le 5 mai — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBéatrice Descamps :

Lorsqu'on pense à Furiani, c'est la tragédie qui nous vient aussitôt en mémoire. Vingt-huit ans se sont écoulés depuis. Pourtant, il n'est pas une année sans que nous ne nous remémorions ce drame national, qui a marqué petits et grands partout en France.

Le 5 mai 1992, comme l'a rappelé M. le rapporteur, dix-neuf personnes sont décédées et plusieurs milliers d'autres ont été blessées. En quelques minutes, l'effondrement de la tribune nord a transformé un moment de fête en une horreur absolue. Alors que ce match devait être gravé dans la mémoire footballistique des Corses, il restera comme l'une des plus grandes tragédies qu'ait connue l'île de Beauté.

Pour accueillir la demi-finale de la Coupe de France, le club a rasé sa tribune de 750 places, sans permis de démolition, et entrepris d'en bâtir une nouvelle de 9 300 places, doublant ainsi la capacité du stade en huit jours. La Ligue corse de football a transmis un avis favorable à la Fédération française de football, en totale contradiction avec les réserves émises par les pompiers de la commission de sécurité. Les travaux se sont terminés quelques heures seulement avant la tenue du match, sans que la commission de sécurité ait pu se prononcer. Le préfet est resté absent et injoignable. Les billets ont été vendus en l'absence de toute mention tarifaire et les recettes n'ont été que très partiellement déclarées. Plus l'enquête progresse, plus on se rend compte que la vie des supporters a été sacrifiée pour amasser plus d'argent.

Pour commémorer ce drame, le texte vise à interdire la tenue de tout match de première et deuxième divisions, de Coupe de France ou de Trophée des champions à la date du 5 mai. Nous ne remettons pas en cause la volonté exprimée par le rapporteur, car nous avons bien conscience du fait que la Ligue de football professionnel et la Fédération française de football n'ont peut-être pas tout fait pour commémorer comme il se devait ce drame qui a endeuillé la discipline. Nous nous souvenons en effet tous de ces images atroces qui ont marqué nos mémoires – et je pense à cet instant à toutes les familles qui ont perdu un ou plusieurs des leurs, ainsi qu'à tous ceux qui ont été blessés et marqués à jamais dans leur chair et dans leur esprit, et à leurs familles.

Rappelons que le secrétaire d'État chargé des sports, Thierry Braillard, avait trouvé en 2015 un accord avec la Ligue de football professionnel, laquelle s'engageait à n'organiser aucune rencontre de football un samedi 5 mai. Ainsi, les matchs ont été reportés en 2018, mais il n'en fut pas de même l'année suivante, le 5 mai étant cette fois tombé un dimanche. On comprend qu'un tel accord n'était pas susceptible de satisfaire qui que ce soit.

S'il existe un consensus autour de la nécessité de commémorer le drame du 5 mai 1992, l'enjeu réside in fine dans la manière de le faire. Aujourd'hui, tous les joueurs observent une minute de silence et portent un brassard en mémoire des disparus. On peut se demander si le fait d'interdire par la loi de tenir des matchs le 5 mai répondrait mieux à l'exigence de mémoire. Cependant, le groupe UDI, Agir et Indépendants souhaite vous accompagner, monsieur le rapporteur, dans votre démarche.

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