Intervention de Paul-André Colombani

Séance en hémicycle du jeudi 13 février 2020 à 9h00
Gel des matchs de football le 5 mai — Article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul-André Colombani :

Qu'ils soient pompiers ou pilotes de Canadair, ils sont plus de 600, venus de plusieurs départements, à lutter de tout leur coeur contre le feu, jour et nuit. Le massif de Bavella – pour ceux qui le connaissent – est un peu la cathédrale Notre-Dame de la Corse.

J'en viens à la catastrophe humaine que fut Furiani. Je ne peux l'évoquer qu'avec beaucoup d'émotion. Comme mon collègue Jean-Jacques Ferrara, j'étais étudiant en médecine, à Marseille, lorsque le drame est survenu. Nous étions alors tous réunis pour une fête ; après quelques secondes d'incompréhension, nous avons vécu des heures d'angoisse, sans nouvelles de nos proches. Nous avons ensuite – pour relater mon expérience personnelle – vu débarquer dans les hôpitaux marseillais des flots de blessés hagards, parvenus jusque-là grâce à la chaîne de solidarité remarquable qui s'est formée en quelques heures. Je tenais à le rappeler aujourd'hui.

J'ai encore le coeur noué, car je repense à ce moment de fête transformé en un deuil insurmontable. Je veux remercier ici le collectif des victimes de la catastrophe de Furiani qui entretient le souvenir et rend à ces victimes l'hommage qui leur est dû.

Pour cette raison, on ne doit plus jouer ni célébrer de fêtes ou de victoires le 5 mai, comme s'y était engagé le Président de la République François Mitterrand au lendemain du drame. Une minute de silence préalable ne justifiera jamais qu'une allégresse de fin de match se fasse ensuite entendre dans la nuit du 5 mai. Les marchands du Temple auraient dû comprendre d'eux-mêmes que l'on ne peut pas soutirer de l'argent aux supporters les jours de deuil. La décence n'a pourtant pas toujours été au rendez-vous, et des finales ou d'autres matchs se sont joués le 5 mai : c'est face à cette mauvaise volonté que le législateur est contraint d'intervenir – de mauvais gré, je vous l'assure.

Le sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps, présent le soir du match du 5 mai 1992, l'a rappelé avec beaucoup de décence le 5 mai 2010, alors que l'Olympique de Marseille avait remporté un titre de champion de France : quand on a connu Furiani, on ne fait pas de fête un tel jour.

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