Intervention de Émilie Guerel

Séance en hémicycle du jeudi 13 février 2020 à 15h00
Fonds de garantie des victimes du terrorisme — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉmilie Guerel :

Nous sommes réunis pour consolider les garanties accordées aux victimes, notamment leur droit de présenter une demande d'indemnité au Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d'autres infractions.

Face à la victime confrontée à une situation inique, il incombe à la justice de réparer l'injustice tout en compensant les souffrances. Cette conception communément admise, caractérisée à la fois par l'idée de souffrance illégitime et par la nécessité de réparer, est récente. En effet, la victime a longtemps été la grande oubliée de nos procédures. Robert Badinter, alors garde des sceaux, soulignait à l'époque du vote de la loi du 8 juillet 1983 renforçant la protection des victimes d'infraction que « la victime se trouve dans la pire des solitudes, celle qui s'accompagne d'un sentiment de rejet », car, le plus souvent, l'acte criminel aboutit à exclure la victime de la société en altérant plus ou moins gravement le lien qui la rattachait à ses diverses communautés d'appartenance.

Désormais, notamment grâce à la loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes, la victime est de mieux en mieux prise en considération, tant lors de la procédure civile qu'en procédure pénale. Protéger la victime, assurer son indemnisation, c'est lui permettre de réintégrer le corps social, c'est rompre l'isolement social créé par le dommage subi. L'indemnisation, guidée par l'idée de pallier les conséquences sociales de l'acte criminel pour la victime, a finalement pour principal objectif de replacer celle-ci dans une situation aussi proche que possible de celle qui aurait été la sienne si le fait dommageable ne s'était pas produit.

Toutefois, alors que l'intention du législateur était d'améliorer le droit des victimes dans le cadre de la loi du 15 juin 2000, les précisions postérieures apportées par la Cour de cassation concernant le délai dont disposent les victimes pour demander une indemnité auprès de la CIVI ont eu pour effet de le restreindre. Cette situation crée, d'une part, une véritable insécurité juridique pour les victimes, et, d'autre part, semble contraire à l'esprit de la loi du 15 juin 2000, puisqu'elle fragilise leurs droits.

La présente proposition de loi est donc bienvenue : elle apporte une précision rédactionnelle et procédurale utile afin de renouer avec l'intention exprimée par le législateur lors de l'examen de la loi du 15 juin 2000.

La proposition de loi précise en effet le point de départ du délai d'un an dont dispose la victime de certaines infractions pour demander une indemnité auprès de la CIVI lorsque l'auteur des faits a été condamné par une juridiction à lui verser des dommages et intérêts : seul l'avis donné par la juridiction qui a statué définitivement sur l'action publique ou sur l'action civile peut servir de point de départ au délai supplémentaire dont dispose la victime pour exercer sa demande en indemnités dans l'hypothèse particulière où l'auteur de l'infraction est condamné au versement de dommages et intérêts.

Lors de l'examen du texte en commission des lois, nous avons voté un amendement de Mme la rapporteure qui vise à clarifier la rédaction de l'article du code de procédure pénale que sa proposition de loi tend à préciser. Cette clarification crée, d'une part, un délai unique d'un an après la décision de la juridiction qui a statué définitivement sur l'action publique et sur l'action civile engagée devant la juridiction répressive pour que la victime présente une demande d'indemnité. D'autre part, elle prévoit le cas permettant de relever automatiquement le délai d'un an – celui où la juridiction qui a statué définitivement n'a pas informé les victimes ayant reçu des dommages et intérêts de leur possibilité de saisir la CIVI conformément à ce que prévoit le code de procédure pénale.

Il paraît tout à fait opportun d'effectuer cette précision rédactionnelle afin de consolider l'intention du législateur et, ainsi, les garanties accordées aux victimes, dont l'effectivité sera ainsi accrue. Car il est de notre responsabilité de faciliter le parcours de l'indemnisation pour les victimes afin d'assurer le bon fonctionnement de la justice.

Par conséquent, le groupe La République en marche votera en faveur de ce texte positif, consensuel et constructif.

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