Intervention de Paul Molac

Séance en hémicycle du jeudi 13 février 2020 à 15h00
Protection patrimoniale et promotion des langues régionales — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Molac, rapporteur de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Il me semble évident que l'objet de nos discussions est de favoriser la diversité culturelle et le plurilinguisme. C'est à cela que servent les langues régionales et le français. Je ne comprends donc pas pourquoi la commission a supprimé tous les articles relatifs à l'enseignement, qui sont au coeur de la proposition de loi.

Vous avez dit que ce que nous proposons était déjà possible. Pourtant, tout ne fonctionne pas comme il le faudrait. Mille neuf cent quatre-vingt-deux, c'est la date des premières créations de classes bilingues en Bretagne. Que l'éducation nationale ait alors eu du mal à trouver des enseignants, cela paraît normal ; mais, près de quarante ans plus tard, elle a toujours des difficultés. Cela prouve bien qu'il existe un problème plus global et que l'on n'a pas fait le nécessaire pour le résoudre. C'est sur ce point que nous mettons le doigt.

Concernant la réforme du baccalauréat, je reçois les mêmes échos du terrain que M. Le Fur. Ils viennent aussi bien d'Occitanie et d'Alsace que de Bretagne, où plusieurs manifestations ont eu lieu après que certains ont découvert que l'on ne pourrait plus passer le breton en candidat libre. Avant, on pouvait conserver tous les points obtenus au-dessus de la moyenne ; c'est d'ailleurs ce qui a permis à certains de mes enfants d'obtenir une mention au baccalauréat.

Les alertes de terrain se sont multipliées. Le sénateur Maurice Antiste vous a récemment interpellé sur ce sujet. Dans l'académie de Toulouse, sept lycées ont supprimé les cours d'occitan qui existaient en 2019, ce qui représente une baisse de 16 %. En effet, les langues régionales souffrent de la multiplication des spécialités puisqu'il faut, à terme, faire un choix entre ces spécialités. C'est pour éviter cette situation que nous avions demandé que les langues régionales soient mises au même niveau que les langues anciennes, ce qui aurait permis aux élèves de suivre l'enseignement de langue régionale en plus. S'ajoute le problème de l'arbitrage entre LVB – langue vivante B – et LVC – langue vivante C – , qui empoisonne les relations.

Plus globalement, comment voulez-vous sauver le patrimoine linguistique si les langues régionales ne sont étudiées et parlées que par un faible nombre d'élèves ? En Bretagne, l'enseignement de la langue régionale touche 7 à 8 % d'une classe d'âge ; ce n'est pas avec cela que l'on sauvera la langue. En Alsace, ce chiffre est de 12 à 14 %, ce qui n'est pas suffisant non plus. Au Pays basque, il est aux alentours de 40 % : là, nous y arriverons. En Corse, il est quasiment de 50 % : nous y arriverons aussi. Si j'ai proposé de généraliser l'offre d'enseignement, c'est parce qu'elle est le nerf de la guerre. C'est comme cela que nous préserverons le patrimoine.

Monsieur Pancher, vous avez évoqué la biodiversité et de glottodiversité. Vous avez également cité la charte européenne des langues régionales ou minoritaires, que le Conseil de l'Europe demande à la France de ratifier. Pour l'instant, cette injonction tombe à plat.

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