Intervention de Gabriel Serville

Séance en hémicycle du lundi 17 février 2020 à 16h00
Système universel de retraite — Motion de rejet préalable (projet de loi ordinaire)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Le projet que le Gouvernement soumet à nos débats cet après-midi est, à notre grand regret, confus et bâclé. Prétendument universel, le système proposé revient en réalité sur des décennies de luttes sociales pour accentuer encore les privilèges d'une infime partie de la population.

On nous explique que la concertation a eu lieu, que les Français se sont exprimés dans les urnes en 2017, que des ordonnances, voire le recours au 49-3, suffisent désormais. Ce n'est pas cela, la démocratie. Ce n'est pas laisser une poignée de hauts fonctionnaires, dont les privilèges sont garantis, décider seuls de l'avenir du pays et de celui de millions de travailleurs.

Les Français et leurs représentants, qui siègent sur ces bancs, doivent être écoutés. Ce n'est manifestement pas le cas, ne serait-ce qu'au vu de la fin tragique qui a été réservée à la commission spéciale. L'avenir de notre système de retraite est l'affaire de tous ; cette réforme ne doit pas être confisquée par quelques-uns.

Notre motion de rejet doit permettre de reprendre la réforme par étapes, en respectant toutes les procédures propres à un État de droit, à commencer par le rôle dévolu au Parlement dans l'élaboration du texte. C'est la seule façon, avec l'adoption d'une motion référendaire, de changer de paradigme et d'inscrire cette réforme dans une démarche de justice et d'équité qui pourra garantir un taux de remplacement élevé et prévisible pour tous, corriger les inégalités du monde du travail, créer des outils nouveaux en matière de reconnaissance de la pénibilité, assurer un haut niveau de solidarité en reconnaissant les périodes de chômage, de formation et d'implication familiale et, surtout, garantir des ressources suffisantes au profit du système en réaffirmant la place essentielle de la cotisation sociale.

Il faut nous laisser le temps de coconstruire une vraie réforme ambitieuse, juste et de progrès social, c'est-à-dire celle que les Français attendent. Alors oui, nous voterons pour cette motion et nous invitons tous les collègues, y compris ceux de la majorité, à faire de même. Nous vous en remercions.

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