Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du vendredi 3 novembre 2017 à 9h05
Commission élargie : finances - affaires culturelles

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale :

Mesdames et messieurs les députés, le budget de l'enseignement scolaire qui vous est présenté traduit la priorité accordée à l'éducation par le Président de la République et le Gouvernement, sur le plan quantitatif mais aussi sur le plan qualitatif, car ce qui compte, c'est que les moyens soient articulés à des fins.

L'objectif est d'aller vers une école de la confiance au service d'une société de confiance. C'est un cercle vertueux de la confiance que nous voulons enclencher grâce au budget et aux actions déployées au titre de l'éducation nationale.

Cela nécessite de donner plus à ceux qui ont besoin de plus : ce budget prend très au sérieux la devise de l'éducation prioritaire.

Cela nécessite aussi de l'exemplarité, de l'exigence, de la rigueur dans les apprentissages.

Cela nécessite enfin d'avoir une vision claire de l'école comme institution qui transmet des connaissances et des valeurs, d'où l'importance des aspects qualitatifs et de la pédagogie.

Pour la première fois, le budget de l'éducation nationale passe le seuil symbolique des 50 milliards d'euros pour s'établir à 50,1 milliards d'euros, hors cotisations et pensions de l'État – si nous les incluons, c'est un autre seuil symbolique que nous dépassons, celui des 70 milliards d'euros. Cela représente une augmentation de 1,3 milliard par rapport à l'année précédente, qui traduit la transformation profonde du système éducatif que les Français appellent de leurs voeux. Ces moyens ne sont pas là pour eux-mêmes, mais pour permettre d'atteindre nos objectifs et, ce qui me paraît important, c'est que les débats se focalisent sur ce que nous faisons avec ces moyens, plus encore que sur leur emploi.

Priorité est donnée à l'école primaire, avec la maîtrise par tous les élèves des savoirs fondamentaux et des valeurs fondamentales. Lire, écrire, compter, respecter autrui : c'est sur ces quatre piliers que nous fondons une politique de l'école primaire, socle de tous les apprentissages alors même que les enquêtes internationales comme les observations quotidiennes mettent en évidence un affaissement du niveau, notamment dans la maîtrise écrite et orale de la langue. Cet affaissement est insupportable : il doit cesser et il cessera.

Rien de solide ni de durable ne peut se faire sans la maîtrise par tous les élèves des savoirs fondamentaux. C'est pourquoi nous avons décidé d'attaquer à la racine les difficultés scolaires avec, en premier lieu, le dédoublement des classes de CP et de cours élémentaire première année (CE1) dans les réseaux REP+. Dès cette rentrée, 2 500 classes ont été dédoublées et nous atteindrons 6 000 classes à la rentrée scolaire 2018. Cette mesure est la pointe avancée d'une politique plus générale, ambitieuse pour l'école primaire, qui est la consolidation des savoirs fondamentaux pour tous.

Cela se traduit par une augmentation de presque 3 900 postes devant élèves dans le premier degré à la prochaine rentrée scolaire, qui permettra de réaliser ces dédoublements sans porter atteinte au renforcement des moyens de remplacement. C'est une politique rationnelle : la France dépense moins que la moyenne des pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour son enseignement primaire, et dépense plus pour le second degré. Il est donc de grande logique de consacrer tous nos moyens supplémentaires à l'école primaire.

À cela s'ajoute le financement en 2018 du début de montée en charge de l'engagement présidentiel de relever de 3 000 euros par an les rémunérations des personnels dans les réseaux d'éducation prioritaire renforcés, mesure essentielle pour l'attractivité et la stabilisation des équipes dans ces territoires en difficulté. C'est l'autre mesure emblématique en faveur de l'éducation prioritaire dont je parlerai prochainement avec les organisations syndicales.

Notre deuxième objectif est d'accompagner les élèves vers la réussite au collège. Il se traduit par plusieurs mesures au premier rang desquelles le programme « Devoirs faits » qui sera mis en oeuvre dès le lundi 6 novembre, au retour des vacances de la Toussaint. Dans plus de 7 000 collèges en France, il offrira la possibilité aux élèves de bénéficier d'une aide gratuite pour leurs devoirs. Ce sont 220 millions d'euros qui seront consacrés en 2018 à ce programme, qui montera en puissance tout au long de l'année prochaine.

Le soutien aux élèves les plus fragiles passe par d'autres mesures comme l'organisation de stages de réussite pendant les vacances scolaires, avec une enveloppe que nous allons doubler en la faisant passer de 15 millions d'euros à 35 millions d'euros. Nous prenons en compte également la fragilité sociale avec la revalorisation de 25 % des bourses des collégiens attribuées sur critères sociaux, mesure effective dès la rentrée 2017 et financée à hauteur de 43 millions d'euros supplémentaires en 2018.

Notre troisième objectif concerne la prise en compte du handicap, avec un effort sans précédent visant à garantir une éducation pleinement inclusive. Je fais mienne, dans la continuité de tous les gouvernements depuis le début des années 2000, la notion d'école inclusive. Ce sont 50 000 personnes en contrat aidé qui se consacreront à l'accompagnement d'élèves en situation de handicap pendant l'année scolaire en cours ; à la rentrée 2018, 11 200 de ces contrats seront transformés en contrats d'accompagnant d'élèves en situation de handicap (AESH), emplois stables, pérennes et professionnalisés qui correspondent à notre volonté d'aménager la transition des contrats aidés vers des contrats plus robustes. Il y aura ainsi 4 500 AESH supplémentaires, recrutés directement. Ce type de recrutement se poursuivra les années suivantes, où il y aura moins de contrats aidés et davantage d'AESH. Nous mènerons également une politique de formation volontariste non seulement des auxiliaires de vie scolaire (AVS) et des AESH, mais aussi des professeurs pour garantir une école inclusive de qualité. Cent postes de professeurs des écoles seront créés pour cent nouvelles unités localisées pour l'inclusion scolaire (ULIS).

Bien d'autres dotations disent notre détermination à faire de l'école un lieu d'épanouissement pour les élèves, car tel est évidemment le but de l'éducation. Je pense en particulier à l'enveloppe que nous consacrons à l'éducation artistique et culturelle, qui progressera de 50 % l'an prochain, et au travail que nous avons engagé avec la ministre de la culture pour que cet enseignement soit au sommet de nos priorités partagées.

Les axes de ce budget sont très clairs : appartenance à la République, grâce au partage des savoirs et des valeurs ; excellence, car nous ne devons pas avoir peur de tirer l'ensemble du système vers le haut, notamment en étant particulièrement volontaristes vis-à-vis des classes populaires ; bienveillance, puisque tous nos efforts n'ont qu'un but : amener tous les élèves de France vers la réussite de leur vie personnelle et professionnelle.

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