Intervention de Meyer Habib

Séance en hémicycle du mardi 7 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib :

Cette année encore, comme dans la loi de programmation des finances publiques jusqu'en 2020, le ministère des affaires étrangères prend plus que sa part dans l'effort de redressement des finances publiques. Mais il importe de distinguer ce qui relève de mesures de bonne gestion de ce qui relève d'un dépouillement de notre État. Oui au redressement des finances publiques ; non au sacrifice des missions régaliennes, vitales pour l'avenir de notre pays.

Aujourd'hui, le Quai d'Orsay se trouve dans une situation budgétaire très fragile, qui ne doit pas être aggravée. Depuis le début de la décennie, le ministère a restitué près d'un millier d'emplois ; ses effectifs ont diminué d'un tiers en quinze ans, et de moitié en trente ans. Une évolution d'une telle ampleur n'est pas sans conséquences sur la capacité de notre État à rester en prise avec les réalités du monde et à répondre aux besoins de nos concitoyens non-résidents. Pouvons-nous réellement continuer à ce rythme sans mettre en péril notre puissance extérieure ? J'en doute.

Il y a quelques lignes rouges à ne pas franchir. Notre pays possède le deuxième réseau diplomatique du monde, juste derrière les États-Unis. Certes, la France doit ajuster sa présence géographique en tenant compte de ses priorités stratégiques et des besoins locaux. Pour autant, il nous semble fondamental de maintenir cette universalité de notre réseau diplomatique, qui est un vecteur de puissance et de rayonnement.

Autre ligne rouge : notre réseau culturel et d'enseignement français à l'étranger, pour lequel des économies supplémentaires paraissent très difficiles voire impossibles à faire. Le groupe Les Constructifs est favorable à une sanctuarisation des crédits, tout en modulant l'intervention de l'État à l'étranger, selon une priorisation des espaces géographiques. L'éducation et la culture sont des vecteurs d'influence considérables, mais surtout un service essentiel pour nos compatriotes, très largement financé par l'effort des familles. Or que constate-t-on ? Les frais de scolarité explosent, hélas ! alors que le nombre de Français résidant à l'étranger ne cesse d'augmenter, atteignant près de 2,5 millions aujourd'hui. L'éducation n'est pas seulement un droit, c'est aussi et surtout une priorité. Cette tendance n'est pas tenable, c'est pourquoi je présenterai tout à l'heure des amendements au sujet des bourses scolaires.

Plus largement, le rayonnement de notre pays à l'étranger repose, chacun le sait, sur la vitalité et le dynamisme des communautés françaises à travers le monde. L'été dernier, je n'ai pas cessé de vous mettre en garde contre les risques associés à la suppression de la réserve parlementaire pour notre réseau associatif à l'étranger. Je n'ai pas été suivi, hélas ! Le Président de la République a promis, le 2 octobre dernier, devant l'assemblée des Français de l'étranger, un dispositif de financement alternatif. Des paroles, pour l'instant.

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