Intervention de Thomas Gassilloud

Séance en hémicycle du mardi 7 novembre 2017 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Gassilloud, rapporteur pour avis de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le président de la commission de la défense nationale et des forces armées, mes chers collègues, j'ai l'honneur d'être le rapporteur pour avis des crédits de l'armée de terre et j'ai étroitement associé à mes travaux ma collègue Sereine Mauborgne, députée du Var, que je tiens à remercier pour son implication.

Le budget de l'armée de terre n'apparaît pas en tant que tel dans la nomenclature budgétaire, largement interarmées, mais la commission de la défense nationale a toujours assuré un suivi particulier de chaque armée, car chacune a un milieu d'opération, une culture et des problématiques spécifiques.

Comme vous le savez, l'armée de terre a un rôle central dans les interventions en assurant la stabilisation des territoires dans le temps long. Elle supporte par ailleurs l'essentiel des pertes au combat. Aux yeux de nos soldats, son budget représente donc plus qu'un instrument d'allocation de crédits : c'est une marque de la reconnaissance de la Nation et de l'attention que nous portons à leur protection.

Nous pouvons, à cet égard, être fiers de ce budget, qui marque une première étape vers la concrétisation de l'engagement présidentiel de porter l'effort de défense à 2 % du PIB.

L'ensemble des dépenses pour l'armée de terre, crédits de personnels et d'équipements inclus, augmentent de 5,4 % par rapport à 2017, pour atteindre 8,5 milliards d'euros. Ce budget est donc parfaitement conforme à la programmation militaire en vigueur, réorientée après les attentats de 2015 pour planifier la remontée en puissance de l'armée de terre.

Cette remontée en puissance, dans un premier temps, a porté pour l'essentiel sur les effectifs avec, comme mesure emblématique, le passage de la force opérationnelle terrestre de 66 000 à 77 000 hommes. En 2016 et en 2017, on a ainsi paré au plus pressé en recrutant environ 17 500 militaires par an, ce qui était un vrai défi.

Désormais, il faut que nous engagions une deuxième étape de cette remontée en puissance : après le recrutement en masse, la consolidation capacitaire. Cette consolidation passe d'abord par un effort de préparation opérationnelle. Faute de ressources financières, puis faute de temps disponible depuis l'opération Sentinelle, le niveau de préparation est encore inférieur aux objectifs. Tel est le cas, par exemple, pour l'entraînement des pilotes d'hélicoptère : si l'objectif partagé avec nos alliés est de 180 heures de vol par an, nous en étions seulement à 146 heures en 2015 ; le projet de loi de finances pour 2018 en finance 174.

La consolidation de nos capacités terrestres suppose aussi de meilleurs armements. Cela concerne non seulement les matériels les plus connus, mais aussi les petits équipements, du gilet pare-balles au pistolet automatique, qui ont une place particulièrement importante dans l'armée de terre. Or, parce que ces équipements n'ont pas la même intensité technologique qu'une frégate ou la même valeur emblématique qu'un avion de chasse, ces petits programmes servent trop souvent de variable d'ajustement dans le bouclage financier des LPM. L'armée de terre est la première à en pâtir et nous devrons veiller collectivement à ce que cela ne soit plus le cas avec la prochaine LPM.

La consolidation capacitaire de l'armée de terre passe aussi par un programme structurant, appelé « Scorpion ». Il vise à renouveler l'ensemble de nos blindés médians et à les mettre en réseau, en posture de combat collaboratif. La LPM de 2013 a réduit les volumes et repoussé le calendrier de Scorpion, au prix du maintien en service de matériels aujourd'hui à bout de souffle. Nos engins actuels sont en effet vieillissants, à l'image des VAB – véhicules de l'avant blindés – , qui datent de 1976. Pour remettre les choses dans leur contexte, je rappelle que 1976, c'est par exemple l'année de lancement de la R14 – chacun s'en souvient. Or, avec notre intense activité en OPEX, les vieux équipements que Scorpion devait renouveler ne tiendront pas autant que prévu.

Dès lors, deux options s'offrent à nous : soit les moderniser pour les faire tenir un peu plus en attendant leur remplacement par Scorpion, soit accélérer Scorpion. Cette deuxième option n'est pas tellement plus coûteuse que la première : moderniser un VAB au standard Ultima coûte 1,4 million d'euros pour gagner dix ans de sursis, et investir pour trente ans en le remplaçant par son équivalent Scorpion en coûte 1,5 million.

Surtout, les menaces actuelles sur nos théâtres d'OPEX appellent une meilleure protection de nos soldats. Or, en la matière, la plus-value de Scorpion est considérable. L'analyse technico-financière plaide donc, en l'espèce, pour une accélération de Scorpion. Nous pouvons donc nous féliciter que, en commission élargie, Mme la ministre se soit déclarée favorable, sur le principe, à cette idée pour la prochaine LPM.

La commission de la défense nationale et des forces armées a émis un avis favorable aux crédits de l'armée de terre dans le projet de loi de finances pour 2018.

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