Intervention de Agnès Buzyn

Réunion du lundi 14 octobre 2019 à 15h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, sanitaire et environnemental de l'utilisation du chlordécone et du paraquat comme insecticides agricoles dans les territoires de guadeloupe et de martinique, sur les responsabilités publiques et privées dans la prolongation de leur autorisation et évaluant la nécessité et les modalités d'une indemnisation des préjudices des victimes et de ces territoires

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Oui. Malheureusement, Madiprostate n'a pas réussi à apporter des réponses scientifiques aux experts qui avaient évalué cette étude. C'est la raison pour laquelle elle n'a pas été financée. J'étais aux responsabilités à l'INCa au moment où il y a eu le refus de financement de cette étude. J'ai été très embêtée, parce qu'en tant que présidente de l'INCa, il faut savoir que je ne fais que signer les financements en responsabilité, mais que toutes les études financées par l'INCa sont choisies et évaluées par des experts scientifiques, qui jugent du caractère robuste ou pas de la méthode employée. Les experts ont évalué Madiprostate en me disant qu'il ne fallait pas le financer. J'étais tellement ennuyée. J'avais déjà senti que c'était un sujet très grave. À la suite d'une demande de M. Multigner – qui à l'époque était porteur du projet – j'ai accepté de financer un an de plus cette étude, contre l'avis de mes experts, en faisant aider les porteurs de projets d'un comité d'experts scientifiques, pour leur permettre de mieux construire leurs études. À l'issue d'un an, les experts m'ont de nouveau dit que cette étude n'était pas bonne et qu'il ne fallait pas la financer. On me demandera pourquoi je n'ai pas insisté, pourquoi je n'ai pas pris la décision de financer cette étude malgré tout. Il faut savoir que quand on préside l'INCa – ce n'est pas le cas de toutes les agences sanitaires, mais c'est celui de l'INCa –, quand on finance une étude contre l'avis d'un comité d'experts scientifiques, si la Cour des comptes analyse les comptes de l'INCa et qu'elle dit qu'il ne fallait pas financer cette étude parce que nos experts étaient contre, nous risquons la Cour de justice budgétaire de l'État et nous payons sur nos propres fonds personnels. Déjà, j'ai pris sur moi de financer une étude pendant un an, alors qu'on m'avait recommandé de ne pas le faire, et je risquais de perdre environ un million d'euros sur mes deniers personnels. Je n'aurais pas pu les payer, mais j'ai pris un risque personnel sur cette étude, parce que je pensais que c'était important. Je suis heureuse de pouvoir annoncer ce fonds spécifique à l'INCa pour financer des études scientifiques complémentaires, et le fait que nous ayons pu, grâce à un comité d'experts qui a beaucoup travaillé, construire une étude robuste qui est KP-Caraïbes.

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