Intervention de Luc Multigner

Réunion du lundi 1er juillet 2019 à 15h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, sanitaire et environnemental de l'utilisation du chlordécone et du paraquat comme insecticides agricoles dans les territoires de guadeloupe et de martinique, sur les responsabilités publiques et privées dans la prolongation de leur autorisation et évaluant la nécessité et les modalités d'une indemnisation des préjudices des victimes et de ces territoires

Luc Multigner :

Il y a eu plusieurs budgets, parce qu'on avait beaucoup surestimé le coût. Certes, cela dépend des moyens humains requis, mais le budget oscillait entre 600 000 et 800 000 euros, ce qui correspond d'ailleurs aux moyens investis dans Karuprostate et toutes ces études… Donc en 2012, on obtient ce premier financement pour cette année de faisabilité. Malheureusement vers la fin de l'année, on dresse un constat de difficultés. Vous savez sans aucun doute, monsieur le président qu'en 2012, le CHU de Fort-de-France a été réorganisé, avec l'ouverture du centre hospitalier Mangot Vulcin au Lamentin. Or le premier service hospitalier qui a déménagé a été le service d'urologie, ce qui nous a empêchés de faire quoi que ce soit. Nous avons donc demandé à l'INCa une autorisation de prolongation de cette étude de faisabilité, de mars 2013 à mars 2014, puis nous nous sommes mis au travail. À la fin de l'année 2013, il nous restait trois mois pour la terminer, sachant que nous souhaitions continuer dans ce qu'on appelle la phase de déploiement. J'écrivis donc un courrier à INCA en y joignant un rapport d'avancement pour montrer que les choses se présentaient très bien… Et je reçus un courrier signé le 27 janvier 2014 par la présidente de l'INCa de l'époque. Je vous le lis car la forme m'a surpris : « Vous m'avez adressé un courrier le 31 décembre 2013 m'informant de l'état d'avancement de la phase de faisabilité de l'étude Madiprostate. Après lecture de votre rapport, j'ai le regret de vous informer que je ne le soumettrai pas au collège d'experts, étant donné que les informations transmises à ce jour ne me permettent pas d'évaluer la pertinence de soutenir un déploiement de cette étude. » Habituellement, ce sont les experts qui décident en leur âme et conscience qu'il n'y a pas d'éléments qui justifient une étude ; là, c'est la présidente de l'époque qui décide de ne pas soumettre pas au collège des experts. Ainsi, le jugement est rendu par une autorité et non par des experts. C'est cette question de forme qui m'a un peu surpris… En dépit de notre réponse la décision fut maintenue et nous avons transmis, le 30 mars 2014, le rapport final de cette année de faisabilité. Mais bien entendu, l'étude s'est arrêtée là : faute de financement, nous n'avons pas pu prolonger les contrats de travail, et nous avons dû décommander la cinquantaine de volontaires prévus pour le mois d'avril.

Le directeur général de la santé de l'époque, M. le professeur Vallet, a insisté pour que l'INCa délivre un vrai rapport d'experts – qui, à ce jour, sont restés anonymes –, que je n'ai reçu qu'en novembre 2014. J'ai été assez surpris de son contenu, en particulier de certains propos, notamment d'un d'entre eux, que je ne tolérerai pas de la part d'un étudiant en licence dans ma discipline. Donc, je me suis posé des questions – je ne m'en pose plus : c'est de l'histoire ancienne. Surtout, nous avons décidé de nous tourner vers d'autres objectifs de recherche.

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