Intervention de Nicolas Meizonnet

Séance en hémicycle du mercredi 26 février 2020 à 21h30
Système universel de retraite — Article 3

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Meizonnet :

L'article 3 est le coeur du coeur de votre réforme, la partie qu'il vous faut sauver à tout prix, quitte à lâcher du lest sur les régimes spéciaux ou sur les indépendants. Les salariés du privé, c'est la poule aux oeufs d'or qui justifie toutes vos réformes. Il faut dire qu'on parle ici de plus de 18 millions de cotisants, de plus de 12 millions de retraités et, in fine, de plus de 79 milliards d'euros de recettes. De surcroît, c'est le régime de retraite dont la complémentaire a des comptes bénéficiaires jusqu'en 2070, selon les prévisions actées par le COR, le Conseil d'orientation des retraites – sans parler des 71 milliards d'euros de réserves.

Alors, s'il ne faut en sauver qu'un, vous sauverez celui-là. Les millions de salariés du privé, qu'on entend beaucoup moins, seront les victimes silencieuses de votre réforme. Comme c'est pratique !

Cela a déjà été dit à maintes reprises, mais il me paraît nécessaire de le marteler : calculer le montant de la retraite sur l'ensemble de la carrière plutôt que sur les vingt-cinq meilleures années entraînera mécaniquement une baisse des pensions de retraite.

En outre, ce nouveau mode de calcul donnera une grande importance aux accidents de parcours qui, auparavant, étaient lissés voire disparaissaient grâce à la règle des vingt-cinq meilleures années. En mettant dans les mains de Bercy les milliards des salariés du privé, vous donnez à ce ministère un nouveau levier pour imposer une politique d'austérité. Quant aux salariés, une fois que vous aurez asséché les recettes et fait baisser les pensions, ceux qui ont un peu de moyens se tourneront bien évidemment vers la capitalisation.

Bercy sera content, tout comme le secteur des banques et des assurances. Ils peuvent vous dire merci : votre mission de démolition du modèle social français sera accomplie, et tant pis si les Français, eux, ne sont pas contents. Nous, nous les comprenons.

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