Intervention de Stéphane Viry

Séance en hémicycle du jeudi 27 février 2020 à 9h00
Système universel de retraite — Article 4

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Viry :

De nombreux amendements de suppression de l'article 4 ont été déposés. J'observe, comme je l'ai déjà fait la semaine dernière, que l'amendement signé par Mme Le Pen et plusieurs de ses collègues n'a pas été défendu. Cela devient monnaie courante ! Je tenais à vous le faire remarquer.

Quant à nous, nous considérons que les professions libérales et les travailleurs indépendants sont, avant toute chose, des acteurs économiques. Ils se caractérisent par des particularités et des exigences liées à leur modèle économique. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils bénéficient d'un régime spécifique, notamment en matière de protection sociale et de retraite : puisqu'ils ne dépendent de personne et n'ont aucun lien de subordination, ils disposent de leurs propres caisses, gérées par eux-mêmes avec beaucoup de sagesse et de prévoyance, qui permettent d'assurer leur pérennité. À mon avis, il faut donc supprimer cet article 4.

Permettez-moi de faire une observation un peu plus large. Nous avons beaucoup parlé de certaines professions libérales, mais votre proposition suscite des craintes majeures chez les orthophonistes, les infirmiers et beaucoup d'autres.

Il me paraît nécessaire de prolonger les étapes parcourues depuis les années quatre-vingt-dix et la première décennie des années 2000, qui ont permis de consolider notre système de retraite, de le pérenniser et d'assurer, à terme, le paiement des pensions. Il me semble donc nécessaire de débattre, pendant ce quinquennat, de notre système de retraite en vue de franchir une étape supplémentaire dans le mouvement déjà engagé. Cependant, vous mettez sur la table les fondements mêmes de ce système : vous voulez fracasser l'existant. Or un système de retraite ne peut fonctionner que s'il a une légitimité populaire, que s'il y a une forme d'assentiment de la population sur ce que vous lui proposez en termes d'offre de services. En l'occurrence, au-delà de nos divergences majeures concernant le système que vous voulez mettre en place, dont nous contestons un certain nombre de finalités et d'orientations, il me paraît très hasardeux de vouloir passer en force, coûte que coûte, au regard de l'état du pays, de sa fragilité morale et de plusieurs éléments qui devraient nous appeler à une certaine vigilance démocratique.

On voit bien que votre système ne suscite pas d'adhésion majoritaire ! Il est refusé par l'ensemble des travailleurs indépendants, ainsi que par un grand nombre de salariés et de travailleurs. Vous prenez donc un risque. Votre projet de loi sera probablement adopté – nous verrons bien dans quelles circonstances, nous pourrions en débattre très longuement – , mais il ne s'agit pas seulement de poser un nouveau cadre législatif : il faut aussi s'assurer que son application sera aisée et que ses effets collatéraux ne seront pas dramatiques. Je le répète, vous prenez un risque.

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