Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du vendredi 28 février 2020 à 15h00
Système universel de retraite — Article 7

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Commençons par dire que l'évaluation faite par le rapporteur concernant la moyenne des retraites est démentie par la Cour des comptes qui, elle, obtient une moyenne inférieure de 500 euros au chiffre que vous avez donné. Au demeurant, les cheminots paient une surcotisation par rapport aux autres assurés.

Je mettrai cependant ces éléments de côté, tout comme je ne réagirai pas au fait que vous vous demandiez pourquoi il faut procéder différemment pour les cheminots et pour les autres. J'aimerais néanmoins que vous preniez conscience que, lorsqu'on choisit un métier, c'est en considérant toutes ses composantes, parmi lesquelles figurent le nombre d'années où il faudra l'exercer et le moment où on le quittera. Tous ceux qui, dans cet hémicycle, connaissent des cheminots, savent que cette question a pesé dans leur décision – de même que pour les salariés d'EDF. Il y a donc au départ une forme de contrat, qui se transmet ensuite dans la tradition cheminote. Je mets de côté tous ces aspects – la considération sociale, l'idée qu'on se fait de son métier – qui sont pourtant très importants à nos yeux, et pour toutes les professions, y compris celle de cheminot.

Vos calculs sont injustes car on peut se demander pourquoi le régime général, ou l'État, ne continuerait pas à abonder des caisses, comme il le fait actuellement, et comme il le fera d'ailleurs encore car, à l'avenir, le ratio entre actifs et inactifs ne s'améliorera pas si l'on continue à considérer le personnel des chemins de fer comme trop nombreux, ce qui est le cas actuellement puisqu'on réduit les effectifs.

Au passage, rappelons que la réduction des effectifs ne s'explique pas par des progrès techniques qui réduiraient la pénibilité subie par ces travailleurs. Celle-ci est toujours aussi importante. Bien sûr, ils ne reçoivent plus d'escarbilles dans la figure, parce qu'il n'y a plus de machine à vapeur, mais les contraintes et servitudes du métier de conducteur de train sont au moins aussi intenses qu'hier, sur le plan psychologique ou sur celui du rythme de travail lié au roulement de service.

Par conséquent, monsieur le rapporteur et monsieur le Secrétaire d'État, vous ne pouvez, pour justifier votre décision, arguer de cette plus faible pénibilité ni d'un calcul économique qui, au fond, ne concerne pas les cheminots.

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