Intervention de Nicolas Turquois

Séance en hémicycle du samedi 29 février 2020 à 15h00
Système universel de retraite — Article 8

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Turquois, rapporteur de la commission spéciale :

Quant au fond, si l'on prend en considération l'évolution du capital, que va-t-il se passer ? Les années de forte croissance, vous allez sensiblement augmenter la valeur d'acquisition du point ; aussi, à cotisations égales, les salariés en activité obtiendront-ils mécaniquement un nombre de points moindre. Si l'on vous suit, l'année du retournement, pour ceux qui vont liquider leur retraite, la valeur du point va beaucoup baisser puisque vous voulez que l'indicateur intègre l'évolution du capital. Or le capital ne reflète pas les revenus ; c'est pourquoi nous avons retenu le revenu moyen par tête qui agrégera les salaires, les traitements des fonctionnaires et les revenus des indépendants, ce qui nous semble bien plus fidèle à la réalité que d'intégrer le capital – par nature variable.

Je reviens sur les exemples donnés avant même l'intervention de M. Peu et selon lesquels une carrière ascendante serait perdante dans le nouveau système. Les vingt-cinq meilleures années d'une carrière ascendante sont les vingt-cinq dernières années. Or, entre l'évolution suivant l'inflation et l'évolution suivant les revenus, on constate une sacrée perte de pouvoir d'achat et de points retraite. Il est vrai qu'une carrière ascendante mono-pensionnée sera a posteriori moins ascendante, en matière de droits à la retraite, que dans le système précédent. Mais certains de nos concitoyens ont une carrière plate et d'autres une carrière ponctuée d'accidents – celui qui a commencé une belle carrière sera licencié, tombera malade, et, de ce fait, à 45 ans par exemple, subira un sérieux décrochage ; tel cadre de haut niveau, après un burn out, décidera de se reconvertir – nous en voyons beaucoup dans nos campagnes qui s'installent comme artisans.

En somme, la revalorisation des retraites en fonction de l'inflation, que prévoit le système actuel, est beaucoup moins favorable à l'intéressé que si elle est calculée en fonction de l'évolution des revenus. En effet, dans le système en vigueur, les revenus anciens sont particulièrement sous-valorisés, ce que corrigera le système indexé sur le revenu par tête. Avis défavorable.

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