Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mercredi 8 novembre 2017 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Mission travail et emploi (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Je voulais vous faire part d'une expérience un peu surréaliste, madame la ministre. J'étais, hier, avec le président du conseil départemental, la directrice de Pôle emploi et les représentants de l'État dans une entreprise à but d'emploi, qui s'inscrit dans le cadre des dix expérimentations de « territoires zéro chômeur de longue durée » menées à l'initiative d'ATD Quart Monde. Nous donnions la parole aux bénéficiaires – des personnes en réinsertion – des trente-huit premiers contrats à durée indéterminée signés.

Cette initiative d'ATD Quart Monde a donné lieu à une proposition de loi qui a été votée à l'unanimité par cette assemblée – Laurent Grandguillaume, député de Côte-d'Or en était le rapporteur, j'étais rapporteur pour avis. Je me rappelle les arguments que nous avons exposés à cette tribune. Nous étions en décembre 2015, dans l'émotion qui a suivi les attentats. Nous avions évoqué avec gravité la fracture territoriale et la fracture sociale.

J'étais hier en compagnie de ces trente-huit personnes qui avaient retrouvé un emploi et leurs témoignages étaient toujours les mêmes. Ils disaient : « nous étions inutiles, nous avons quelque chose à raconter à nos enfants, nous aurons à la fin de notre vie une expérience à transmettre ». Ils parlaient de reconnaissance et de dignité. Aucune des personne présentes hier n'a pensé que les emplois créés étaient concurrents de quelque autre emploi de l'insertion par l'activité économique ou du secteur marchand.

Ces gens étaient des laissés-pour-compte, ils sont redevenus des personnes en devenant des travailleurs.

L'expérimentation nationale va être amplifiée sous votre autorité, avec votre soutien certainement, dans les années qui viennent. Elle concerne quelques dizaines de milliers d'emplois. Elle vise à redonner une dignité à des travailleurs. Nous avons l'opportunité, pour des montants de crédits budgétaires réalistes, en économisant le report de charge inévitable sur le RSA et sur l'assurance chômage, de garantir cette dignité. Mais nous sommes en train de la massacrer. C'est absolument surréaliste !

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