Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du samedi 21 mars 2020 à 9h30
Urgence face à l'épidémie de covid-19 — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Jamais je n'aurais pensé avoir à m'exprimer dans un tel contexte historique, dans cet hémicycle quasi vide, au nom du groupe Libertés et territoires. J'ai tout d'abord, évidemment, une pensée pour l'ensemble des Français, tous engagés dans cette course contre la montre. Je tiens à les remercier pour leurs efforts, à leur dire bon courage et à les assurer que nous tentons évidemment de rester à leur écoute, avec les moyens à notre disposition, en l'occurrence les médias.

Je tiens à remercier le corps médical, qui prend des risques, à lui dire combien la nation lui est reconnaissante de son engagement. Jamais, peut-être, le mot « vocation » n'aura eu autant de sens.

J'ai également une pensée pour tous ceux qui travaillent pour faire en sorte que la vie continue, qui travaillent sans protection, en prenant eux aussi des risques. Je tiens à les remercier et à leur dire combien nous sommes touchés par leur détermination.

Je pense par ailleurs à l'histoire de notre pays, à l'histoire du Parlement, lequel a surmonté de nombreuses crises grâce à des institutions solides, grâce à une démocratie fortement ancrée, grâce à des personnalités politiques soucieuses d'unité nationale.

Nous sommes réunis, et vous l'avez très bien dit, monsieur le Premier ministre, pour travailler dans trois directions. Les mesures économiques que vous envisagez, particulièrement importantes, sont-elles suffisantes et adaptées ? Nous ne vous tiendrons jamais rigueur, monsieur le Premier ministre, ni aujourd'hui ni au cours des prochaines semaines, des approximations liées à des décisions prises dans les conditions difficiles que nous vivons. Nous devons en effet nous adapter en permanence. Nous voulons faire en sorte que ces mesures économiques, dans l'ensemble des territoires, répondent aux préoccupations de l'ensemble des acteurs touchés par cette crise immense.

Nous allons ensuite décider de mesures de privation de liberté. Comment les appliquer, comment solidement les encadrer ? Vous comprendrez, monsieur le Premier ministre, notre vigilance en la matière. Nous entendons rester dans un État de droit et nous n'oublions pas que les pays qui se sortent de cette crise sanitaire ne sont pas forcément les plus autoritaires mais de grandes démocraties comme la Corée du Sud ou Taïwan, qui ont réussi à prendre des mesures adaptées en respectant les règles démocratiques, la transparence et le dialogue. C'est un véritable enjeu : nous réussirons collectivement ou bien nous échouerons.

Nous allons enfin prendre des mesures devant garantir le bon fonctionnement de nos institutions. Les collectivités locales doivent continuer à fonctionner, et il importe à cet effet de prendre des décisions collectives avec leurs responsables et, bien sûr, avec les sénateurs.

Chers collègues, je tiens à formuler deux voeux. Le premier est que nos débats soient concis. J'ai été très frappé par le commentaire d'un journaliste, ce matin, estimant que certaines de nos discussions relevaient d'une dispute sur le sexe des anges. Il faut dire que c'était un quotidien un peu plus expert que nous concernant les anges puisqu'il s'agit de La Croix, mais tout de même… Nous sommes écoutés par beaucoup plus de nos concitoyens que nous ne pouvons le penser et qui peuvent constater que nous veillons à la sérénité de nos débats, que nous recherchons un consensus avec le Sénat.

Mon second voeu, c'est que l'unité nationale perdure. Il y a quelques jours, je rêvais même d'un gouvernement d'unité nationale. Nous devons en effet travailler collectivement, nous enrichir de nos différences afin de trouver collectivement des réponses à la crise. Nous devons à cette fin mieux apprendre à nous parler – vous avez commencé à le faire, monsieur le Premier ministre, et je vous en remercie – et nous devons apprendre à dire « nous » plutôt que « je », parce que c'est ensemble que nous réussirons pour le pays.

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