Intervention de Moetai Brotherson

Séance en hémicycle du jeudi 9 novembre 2017 à 9h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMoetai Brotherson :

Madame la ministre, l'attractivité touristique de la France est notoire. Il est clair que la politique en la matière est adaptée à la situation idéale de l'Hexagone en Europe et dans le monde, ce dont elle peut être fière. Cependant, c'est une réalité qui n'est pas ressentie de la même manière sur tous les territoires. On peut même dire que la Polynésie ne vit pas du tout la même situation et qu'elle en souffre. Nous ne sommes pas en Europe, ni sur le même continent, ni dans le même océan. Nous sommes, littéralement, aux antipodes…

Si le développement touristique de la Polynésie est de sa propre compétence, l'octroi des visas relève des missions régaliennes de l'État. Hors espace Schengen, la grande majorité des pays potentiellement attractifs sur le plan touristique voit donc leurs ressortissants soumis à un processus préalable d'obtention du visa souvent laborieux, parfois rédhibitoire.

Cela vient s'ajouter, pour la Polynésie, aux obstacles structurels que sont la distance, les tarifs du transport aérien et le coût de la vie sur place. Il s'agit là d'une véritable faiblesse dans un marché par définition concurrentiel, avec, dans notre bassin géographique ou hors Pacifique, mais sur le même segment de marché, des destinations qui, elles, ne souffrent pas de ce handicap.

Mon propos n'est évidemment pas aujourd'hui de réclamer le transfert de la compétence régalienne de l'immigration, qui nécessite une véritable révision constitutionnelle et statutaire. Des solutions organisationnelles existent, qui sont largement utilisées par nos concurrents. L'une d'entre elles me semble pouvoir être mise en place en Polynésie française : je veux bien sûr parler du « visa à l'arrivée ». Sans modification statutaire, en modifiant simplement l'organisation de l'immigration, l'État pourrait ainsi accompagner de manière efficace le développement touristique, essentiel pour nous.

Je sais bien que cette question, comme la précédente sur l'aéroport de Tahiti Faa'a, ne relève pas stricto sensu du seul périmètre de la mission « Outre-mer ». Je sais aussi que nous n'avons aucune raison de douter de votre engagement en faveur des outre-mer, et vous pouvez compter sur nous pour vous aider.

Néanmoins, madame la ministre, à quelques jours des annonces faites par le Président du gouvernement de Polynésie sur l'ouverture du ciel polynésien, je voudrais savoir si l'État serait disposé à prendre des mesures visant à faciliter le séjour touristique en Polynésie, dont l'octroi des visas à l'arrivée ? Mauruuru, te aroha ia rahi – merci, salutations chaleureuses.

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