Intervention de Stanislas Guerini

Séance en hémicycle du dimanche 22 mars 2020 à 18h30
Urgence face à l'épidémie de covid-19 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStanislas Guerini :

Ce soir, l'heure n'est ni aux grands discours, ni à je ne sais quel recours politique : l'heure est à l'action, humble, efficace, concrète, quotidienne. C'est ce que permet le texte que nous allons adopter. Il donne au Gouvernement les moyens d'agir. Ce soir, les Français peuvent se dire que les parlementaires, députés comme sénateurs, ont été dans leur immense majorité à la hauteur de la situation tragique que connaît notre pays. Ils ont su se mettre d'accord sur l'essentiel ; ils ont su travailler dans l'esprit de concorde, d'unité nationale, qui doit prévaloir en ce moment. Mme la présidente de la commission des lois a souligné l'attention dont députés et sénateurs ont fait preuve lors de la CMP, où le sens des responsabilités l'a emporté, afin, encore une fois, de donner au Gouvernement les moyens d'agir.

Le coeur de ce texte, c'est l'état d'urgence sanitaire, que nous avons créé. Il repose sur trois principes essentiels. Le premier consiste à donner au Gouvernement un large champ d'action ; c'est pour cela que nous avons forgé cet outil juridique nouveau, parce que la situation est elle-même nouvelle, parce que nos textes ne la prévoyaient pas. Ce virus s'attaque à tous les aspects de notre société, il a des conséquences pour tous. C'est la raison pour laquelle nous avions besoin de permettre au Gouvernement, par ce texte, d'agir dans tous les domaines.

Le deuxième principe est de borner dans le temps cet outil juridique que nous avons construit. C'est un principe de responsabilité. L'heure viendra où nous réfléchirons à une façon pérenne d'inscrire dans notre législation cet état d'urgence sanitaire : ce sera au moment de la reconstruction du pays, où nous aurons à nous interroger collectivement au sujet des profondeurs philosophiques de notre société. Aujourd'hui, il faut agir dans l'urgence.

Le troisième principe, dont nous avons longuement débattu, est celui du contrôle : le contrôle exercé par le Parlement, mais aussi le fait que toutes les décisions que le Gouvernement va prendre seront appuyées sur la science, sur les autorités sanitaires ; le fait que les avis de celles-ci seront rendus publics ; la possibilité pour le Parlement d'interroger à tout moment le Gouvernement, soit pour prolonger cet état d'urgence, soit pour demander tout type d'informations. Nous devons pouvoir nous assurer que nous avons agi de manière responsable.

Le texte que nous allons adopter ne se trompe pas de priorité. Nous avons fait le choix, lors de son examen, de reléguer les questions électorales en dernière position ; nous avons bien fait. Nous avons recherché le consensus concernant le fait que toute opération électorale devait être purement et simplement gelée. Il était de notre responsabilité de le faire. Le pays n'a pas la tête aux élections municipales : nous ne devons pas avoir la tête aux élections municipales. Nous reprendrons le processus électoral par la suite.

Je tiens à remercier ceux qui nous ont permis de travailler dans l'urgence et de donner ce texte de confiance au Gouvernement. Madame la présidente de la commission des lois, merci d'avoir si bien conduit nos travaux. Madame la rapporteure, merci de les avoir menés à bien dans des conditions qui sortaient de l'ordinaire, d'avoir vous-même fait un travail extraordinaire, avec le soutien des administrateurs de l'Assemblée nationale et de tous ceux qui permettent à notre assemblée de siéger alors même qu'elle constitue, nous le savons, un foyer de l'épidémie. Merci à vous qui, vous aussi, agissez de manière responsable.

En guise de conclusion, je voudrais avoir un mot pour nos concitoyens, à commencer par ceux qui sont malades, par les familles des victimes, déjà trop nombreuses. Hier, 562 de nos concitoyens avaient perdu la vie : autant de familles endeuillées à qui j'adresse mes pensées, ainsi qu'à ceux qui maintiennent notre pays debout, aux soignants qui sauvent des vies, à ceux qui sont en première ligne, au front, qui travaillent, parfois invisibles. Je pense aux caissières et aux caissiers des supermarchés : ils permettent à notre pays de continuer à s'alimenter, à vivre. Je pense à tous ceux qui font preuve de responsabilité en restant confinés chez eux, certains dans de petits appartements, dans des quartiers difficiles : il faut les remercier de respecter cette règle. Restez chez vous ; c'est cela qui nous permettra de sauver des vies.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.