Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du mardi 24 mars 2020 à 15h00
Questions au gouvernement — Fermeture des marchés ouverts

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Monsieur le Premier ministre, nous sommes nombreux, depuis hier soir, à nous poser des questions sur votre décision de fermer sans délai l'ensemble des marchés aux comestibles de notre pays. Je m'interroge sur les considérations scientifiques qui vous y ont conduit, sur la méthode et sur les conséquences. Vous disiez hier soir qu'une dérogation pouvait être accordée par les préfets sur demande des maires, mais quelques minutes après votre intervention, les préfets recevaient un message précisant que la mesure était d'application immédiate, avec fermeture de tous les marchés ce matin. Cela pose évidemment la question de l'indemnisation de ceux qui avaient prévu de déballer aujourd'hui, demain et dans les jours qui viennent.

La décision a été appliquée de façon brutale, même là où les marchés étaient sécurisés et où vos services pouvaient constater que toutes les précautions avaient été prises, tant par les commerçants que par les maires, pour laisser les marchés ouverts. Vous dites d'ailleurs que vous demandez la fermeture des marchés ouverts, mais vos préfets ferment les marchés couverts, où l'on peut pourtant contrôler le nombre des personnes présentes et l'espacement entre elles – sans doute sous l'effet des images du quartier de Barbès ou d'ailleurs, qu'on a vues à la télévision ; mais ces images ne correspondent pas à ce qui se passe dans le pays.

De même, vous avez affirmé que les villages et les petites villes pourraient conserver un marché, mais selon la rumeur, les villes de plus grande importance, dès lors qu'un centre commercial se trouverait à proximité, n'y auraient pas droit à l'avenir. J'aimerais que vous nous rassuriez sur ce point. Cette décision aurait pour conséquence de pousser toujours plus de populations vers les centres commerciaux, avec deux difficultés. D'abord, les marchés sont en général en centre-ville et les centres commerciaux à l'extérieur. Comment feront les gens qui n'ont pas de voiture ? Comment feront les personnes âgées ? De plus, la promiscuité à l'intérieur d'un centre commercial me paraît potentiellement bien plus dangereuse que sur un marché où l'on garderait les distances et où l'on prendrait toutes les précautions. Enfin, j'apprends qu'à Rungis, ce matin, les centres commerciaux achetaient, à prix cassé, tout ce qu'ils pouvaient acheter et qui était destiné aux commerçants des marchés.

Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous donner rapidement aux préfets les instructions pour que, là où les commerçants et les maires ont pris toutes les précautions de sécurité, les marchés puissent rouvrir dès les jours qui viennent ?

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