Intervention de Elsa Faucillon

Séance en hémicycle du mardi 31 mars 2020 à 15h00
Questions au gouvernement — Mesures économiques pour lutter contre la crise liée au covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Madame la secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances, des responsables associatifs et syndicaux demandent au Gouvernement de prendre une ordonnance empêchant toutes les grandes entreprises de verser, en 2020, des dividendes ou des bonus à leur président-directeur général, ou de procéder à des rachats d'actions. Les députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine soutiennent cette demande.

Le ministre de l'économie et des finances, M. Le Maire, a invité les entreprises à faire preuve de civisme et de modération, par des propos qui ont le mérite de pointer un scandale. Toutefois, y croyez-vous vous-même ?

Il serait incompréhensible que des entreprises bénéficiant des mesures d'urgence continuent de verser des dividendes records, alors même qu'une partie de leurs salariés touchent seulement 84 % de leur salaire.

D'un côté, le conseil des ministres a pris des ordonnances qui tendent à limiter les droits des travailleurs, faisant supporter aux plus modestes le coût de la récession économique. De l'autre, M. Le Maire appelle à un nouveau capitalisme, plus soucieux de lutter contre les inégalités. D'autres avaient déclaré auparavant vouloir moraliser le capitalisme. Or c'est oublier que la voracité est son moteur.

Aux multinationales, on fait une leçon de morale ; aux travailleurs, on impose des sacrifices gravés dans la loi.

Celles et ceux qui exercent les missions les plus essentielles, vitales, sont aussi les moins bien rémunérés. Je pense aux soignants, aux caissières, aux fonctionnaires, aux agriculteurs, aux chauffeurs, aux assistantes maternelles, et j'en passe. Ils ne réclament pas un monument, ils réclament juste leur dû : justice, dignité, égalité.

Les grandes entreprises ont toutes retrouvé désormais leur niveau de rentabilité antérieur à 2008, au prix de la casse du service public, notamment hospitalier, et de l'approfondissement des inégalités.

Madame la secrétaire d'État, prenez les mesures qui s'imposent. Comment, sinon, imaginer la suite ? Comment garantir la justice sociale et environnementale sans ces moyens ? Peut-on concevoir que cette course folle au profit n'ait pas sa part de responsabilité dans les crises multiples, en cascade, que nous vivons ? Êtes-vous prête à prendre des mesures strictes pour interdire le versement de ces dividendes ?

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