Intervention de Agnès Pannier-Runacher

Séance en hémicycle du vendredi 17 avril 2020 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2020 — Après l'article 1er

Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'état auprès du ministre de l'économie et des finances :

Je partage l'idée que les relocalisations industrielles sont indispensables. Elle ne date pas, bien heureusement, de la crise du coronavirus : nous y travaillions déjà, et nous pouvons même nous flatter de quelques succès récents, puisque nous avons fait redémarrer l'emploi industriel en France.

Sur chaque dossier, et vous avez déjà pu le constater sur certains d'entre eux, nous allons vraiment nous battre pour trouver des solutions.

S'agissant de Famar, nous n'avons pas baissé les bras ! Mais nous devons nous garder de penser que tout dossier qui nous arrive dans un moment de réindustrialisation est stratégique. Je vous renvoie au rapport sur les pénuries de médicaments, que nous avions demandé au mois de novembre et qui nous a été rendu à la fin du mois de février. Nous anticipions, et nous nous demandions s'il ne fallait pas réimplanter chez nous des capacités de production de principes actifs. Famar est un façonnier : il a besoin, pour fabriquer, de principes actifs. C'est là le point stratégique : 20 % à 25 % des principes actifs sont produits en Chine, et une part équivalente en Inde. Dès lors, les autres pays, à commencer par l'Europe, sont dépendants. Nous devons donc nous demander comment relancer cette production, en accompagnant notamment la démarche de Sanofi, qui a annoncé en février la création prochaine d'une filiale dévolue à la fabrication de principes actifs.

Luxfer est-elle la clé de notre stratégie, ou nous tournerons-nous vers d'autres entreprises ? Je ne le sais pas. Je ne suis pas sûre que la nationalisation de Luxfer soit la bonne réponse, mais je suis sûre que la bonne réponse passe par la relocalisation et l'accompagnement.

Même si Luxfer et Famar ne sont pas nécessairement des entreprises stratégiques – c'est une question à laquelle je ne peux pas répondre aujourd'hui – , cela n'empêche pas de s'interroger sur d'éventuels projets de reprise. Mais ceux-ci doivent être industriels. Des gens qui se présentent au portillon avec des projets de reprise, mais qui lorgnent en réalité sur l'argent public et n'ont pas l'intention de développer les capacités industrielles de l'entreprise, nous en avons vu – nous avons tous des dossiers en tête.

N'ayez aucun doute sur l'engagement du Gouvernement. Nous avons connu des succès comme des échecs. Mais notre stratégie est claire, notamment dans le secteur de la santé, et cela ne date pas du coronavirus – même si celui-ci nous aidera à susciter un enthousiasme général, en Europe et en France, pour la réimplantation de capacités industrielles.

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