Intervention de Patrick Mignola

Séance en hémicycle du mardi 28 avril 2020 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de covid-19 suivie d'un débat et d'un vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Mignola :

… et je sais que, dans trois des quatre écoles d'une même commune, le maire peut décider avec le préfet ou le sous-préfet d'organiser les distanciations physiques, car les cantines sont assez spacieuses, et qu'il faut trouver d'autres solutions pour la quatrième où ce n'est pas possible : cela peut passer par une réorganisation, par le volontariat, par une réflexion avec les parents d'élèves et les employeurs, par un important travail social pour identifier les élèves absolument prioritaires en raison de leur situation de détresse familiale. Tout cela ne peut se faire qu'au plus près du terrain.

Il y aura donc des départements verts et d'autres rouges. La plupart des maires ont évidemment envie de rendre service à leur population. On en a entendu certains dire qu'ils ne voulaient absolument pas rouvrir les écoles. Cela peut se justifier si leur commune se situe dans un département rouge, mais, lorsqu'ils prennent cette responsabilité, et nous-mêmes lorsque nous la leur confions, nous devons penser aux familles dont les deux parents travaillent et doivent reprendre leur poste, aux familles monoparentales, surtout quand la mère de famille a le statut d'indépendant. Le ministre de l'éducation nationale le sait bien : même dans les zones rouges où les maires ne pourront pas ou ne voudront pas rouvrir les écoles, il faudra que le travail de terrain mené par les maires, les sous-préfets et les préfets permette de trouver des solutions en fonction des situations sociales particulières des familles. Telle est l'illustration de ce que doit être le travail territorialisé et décentralisé à mener dans le déconfinement.

En matière d'emploi, il faut que l'activité puisse reprendre, parce que la récession ferait ses premières victimes parmi les Français socialement les plus fragiles. Cela passe aussi par un travail de terrain avec les partenaires sociaux dans les différentes branches d'activité et par la diffusion de guides de prévention et de bonnes pratiques, afin que les Français puisent retravailler demain et notre système économique reprendre vie. Si d'aventure notre pays devait affronter une deuxième vague, on ne pourrait financer notre système sanitaire sans les moyens financiers permettant de la surmonter.

En matière de commerces, vous avez également donné les orientations du Gouvernement, monsieur le Premier ministre, et je veux saluer le soutien massif que le Président de la République et vous-même avez décidé d'apporter aux hôtels-restaurants, puisque c'est la partie du secteur commercial qui va être le plus durement touchée.

Enfin, en matière de transports, le travail de terrain sera également nécessaire. À cet égard, je formulerai deux observations. La première concerne la nécessité de conduire une réflexion sur l'avenir du transport aérien, en particulier des liaisons avec nos outre-mer, ce qui constitue une forte attente de ces territoires. La seconde porte sur l'Île-de-France : les règles relatives au port du masque et à la distanciation sociale, madame la ministre de la transition écologique et des transports, devront y être élaborées au plus près du terrain si nous voulons que l'organisation des plans de transports permette aux Franciliennes et aux Franciliens de reprendre le travail dans de bonnes conditions. Il convient ainsi de réfléchir avec les employeurs à des horaires différenciés pour que, matin et soir, les pics de fréquentation des transports en commun soient élargis, et avec l'ensemble des collectivités locales pour adapter les plans de transports. Quant au covoiturage, cet immense système qui constitue également une forme de solidarité, il faudra le réorganiser, en particulier dans les départements franciliens hors Paris.

On le voit, seules la territorialisation et l'action de terrain sont adaptées pour réussir le déconfinement. À cet égard, la différenciation territoriale entre les départements rouges et les départements verts permettra à chacun de savoir où il en est et quel degré d'attention il doit porter à son environnement selon l'endroit où il habite afin de pouvoir sortir son département du rouge ou de faire demeurer son département dans le vert.

Pour conclure, je voudrais dire deux mots sur demain. La France est en rémission, et nous devrons aller vers sa guérison ; la France est en récession, et nous devrons éviter toutes les régressions. Mais il nous faut aussi penser une reconstruction et voir, dans cette sortie progressive de crise, une formidable occasion de rebâtir, bien sûr, nos souverainetés industrielles et sanitaires, mais aussi de reconstruire des solidarités – je pense aux nouvelles solidarités organisées sur le terrain par tant de Françaises et de Français, et qui devront se poursuivre – , tout en prenant en compte, évidemment, l'impératif écologique dans la reconstruction du pays.

Tout cela nécessitera de remettre en question beaucoup de nos convictions. Nul ne pourra prétendre qu'il faudra retrouver un libéralisme à tout va, car qui peut oublier qu'une division internationale du travail ayant conduit à ne faire fabriquer des masques et des tests qu'en Asie nous a conduits dans l'impasse ? Mais à tous ceux qui veulent que, demain, toute l'économie française soit nationalisée, je rappelle qu'elle l'est depuis quelques semaines, puisque c'est l'État qui paye les salaires et qui garantit le capital des entreprises.

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