Intervention de Éric Ciotti

Séance en hémicycle du mardi 28 avril 2020 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de covid-19 suivie d'un débat et d'un vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Ciotti :

Vingt-trois mille morts, dont neuf mille de nos aînés dans le huis clos terrible des EHPAD. Vingt-huit mille personnes hospitalisées, dont quatre mille six cents encore en réanimation. Des dizaines de milliers de familles touchées au coeur. Ces chiffres terrifiants font de la France le quatrième pays le plus frappé au monde. En même temps, plus de 11 millions de nos compatriotes se trouvent en activité partielle, comme l'on dit pudiquement. Le chômage a, quant à lui, bondi de 7 % en mars. Des records inédits. Des artisans, des commerçants, des professions libérales, des chefs d'entreprise vivent aujourd'hui dans la terreur du lendemain. Des vies ont disparu, d'autres, innombrables, sont encore menacées, d'autres encore seront bouleversées. Face à cette tragédie inédite, les Français ont été exemplaires de courage et de mobilisation. Je pense notamment à nos formidables personnels de santé, auxquels je veux dire notre infinie reconnaissance.

Dans ce contexte, monsieur le Premier ministre, vous sollicitez aujourd'hui notre confiance. Avant de nous prononcer, il est utile de nous demander si vous en êtes digne. Le Président Macron a parlé de guerre, mais, pour l'heure, c'est une Bérézina qui nous a frappés et les chefs de guerre n'ont pas brillé. Certes, n'est pas De Gaulle ou Clemenceau qui veut. Oui, nous avons subi un juin 1940 sanitaire – je dresse ce constat avec tristesse.

Monsieur le Premier ministre – vous êtes de retour dans l'hémicycle, et je m'en réjouis – , vous n'avez pas su anticiper suffisamment cette crise. À chaque étape de la pandémie, mais bien avant aussi, vous avez manqué de clairvoyance et de prévoyance. Que d'erreurs ! Des erreurs fatales, qui ont coûté si cher à notre pays ! En 2018 et 2019, vous n'avez pas suivi les rapports qui exigeaient le renouvellement des stocks stratégiques de masques, alors tombés au plus bas depuis le départ de Nicolas Sarkozy, qui en avait laissé 1,4 milliard : on en comptait à peine 100 millions en janvier 2020.

Le 24 janvier, Agnès Buzyn déclarait que le risque d'importation du coronavirus depuis la Chine était quasi-nul, ouvrant une longue période de près d'un mois d'inertie avant que les premiers cas n'apparaissent en Italie. Le 23 février, ici même, en réponse à ma question, vous refusiez toute forme de fermeture, voire de contrôle, de nos frontières, aveuglé par l'idéologie d'un monde où la frontière était assimilée par le Président Macron au nationalisme, devenu plus dangereux que le virus. Pourtant, les frontières ont mieux et plus efficacement protégé les pays qui les ont fermées plus rapidement que nous, comme l'Allemagne, l'Autriche ou le Portugal.

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