Intervention de Marietta Karamanli

Séance en hémicycle du mardi 28 avril 2020 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de covid-19 suivie d'un débat et d'un vote — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarietta Karamanli :

Vous venez, monsieur le Premier ministre, de présenter les mesures que le Gouvernement va prendre pour assurer le déconfinement de nos concitoyens. Vos propositions ne feront l'objet ici que d'un vote indicatif et il nous faut réagir dans l'immédiat, sans même avoir un ou deux jours pour débattre du bien-fondé de ces mesures. C'est regrettable parce que c'est d'une politique de confiance envers la démocratie, et en l'espèce vis-à-vis du Parlement, dont notre pays a besoin pour retrouver son dynamisme et son optimisme. Nous ne sommes donc là ni pour discuter de vos mesures ni pour les améliorer.

Nos compatriotes ont tout au long de ces huit semaines, dans leur très grande majorité, appliqué avec sérieux, esprit de solidarité et de responsabilité les prescriptions qui leur ont été imposées. Ce ne sont pas les principes du déconfinement qui sont aujourd'hui en question, mais ses modalités techniques et pratiques qui inquiètent nos compatriotes. Si les mesures décidées ne sont pas facilement applicables, si elles ne sont pas suffisamment claires et pédagogiques, elles risquent de ne pas être bien appliquées.

Les députés socialistes et apparentés souhaitent que le retour progressif à la normale, dans quelques semaines ou quelques mois selon les cas, ne se fasse pas au détriment de la santé et de l'intérêt de nos compatriotes. Les parents ne savent pas si mettre leur enfant à l'école sera sans risque pour lui, pour eux, pour les enseignants. Comment interpréter le caractère facultatif du retour à l'école ? Ce n'est là qu'une des nombreuses questions qui se posent. Les salariés et les demandeurs d'emploi ne savent pas s'ils pourront accéder aux transports pour aller travailler sans que cela devienne un combat quotidien harassant. Nos compatriotes ne savent pas combien ils paieront, ni comment pour certains, pour pouvoir disposer des masques obligatoires. Pas un mot non plus sur la situation des territoires d'outre-mer alors que c'est important et que c'était attendu.

Tout au long de ces semaines, les Français se sont mobilisés pour trouver des solutions pratiques aux problèmes qu'ils rencontraient, palliant ainsi les fragilités d'un système étatique tiraillé entre des consignes parfois contradictoires et l'insuffisance des moyens, en faisant appel à la créativité et à la solidarité. Ils sont instruits de ce qui s'est passé et ils auraient aimé qu'en haut, comme ils disent parfois, on leur dise ce qu'il fallait faire.

La proposition d'une application de pistage des personnes malades ou porteuses saines destinée aux téléphones mobiles, dont bon nombre d'experts nous disent qu'elle ne sera pas efficace et qui pourrait avoir des effets discriminants interroge fortement.

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