Intervention de Nicole Trisse

Réunion du mercredi 4 mars 2020 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicole Trisse :

En 2011, soufflait sur la Syrie le vent du printemps arabe. Neuf ans après cette révolution du peuple, le pays est toujours en proie à une guerre effroyable, qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de milliers de personnes, qui a déplacé quasiment la moitié de la population, à plusieurs reprises pour certains.

De nombreux pays sont aujourd'hui ébranlés par ce conflit, qui a des répercussions jusqu'en Europe et face auquel nous sommes des témoins impuissants.

En 2015, l'Europe a connu une première grande crise migratoire ; des milliers de réfugiés, qui ne venaient pas tous de Syrie, ont péri en mer Méditerranée, et nous nous souvenons tous de la publication, le 2 septembre 2015, de la photo du corps inanimé du petit Syrien Aylan Kurdi, sur la plage de Bodrum, en Turquie. Face à cette crise, qui mettait à mal l'équilibre politique européen, l'accord de 2016 entre l'Union européenne et la Turquie s'offrit comme une solution.

Mais le conflit syrien perdure, et nous assistons depuis plus d'un mois à une escalade militaire dans la province d'Idlib, au nord du pays, entre les forces du régime syrien et l'armée turque. Pourtant, le 17 septembre 2018, le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Erdogan avaient conclu ce fameux accord de Sotchi qui portait entre autres sur la création d'une zone démilitarisée placée sous leur contrôle.

C'est au mépris de l'accord de Sotchi que le régime syrien a bombardé, la semaine dernière, la province d'Idlib, tuant plusieurs soldats turcs et provoquant, en représailles, une intensification des frappes aériennes turques.

Face à la réaffirmation par M. Poutine du soutien indéfectible de la Russie au régime syrien et devant la condamnation unanime par l'Union européenne et les Nations unies de l'action militaire turque dans le nord de la Syrie, la Turquie est plus que jamais isolée diplomatiquement. Aussi, le président turc, au mépris de l'accord de 2016 et malgré les milliards d'euros octroyés par l'Union européenne, a-t-il décidé d'ouvrir ses frontières vers l'Europe. S'il ne fait aucun doute que nous condamnons le chantage migratoire exercé par Recep Erdogan pour obtenir le soutien de l'Union européenne dans son action en Syrie, nous nous devons aussi d'apporter de l'aide et des solutions à nos alliés grecs et bulgares, qui font face à un afflux de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants tentant désespérément d'entrer sur le territoire européen. Nous ne pouvons les laisser gérer seuls la crise migratoire qui s'annonce, pas plus que nous ne pouvons laisser ces milliers de réfugiés sans abri.

Mais nous devons aussi être vigilants sur ce qui se passera demain, le 5 mars, à Moscou, entre Vladimir Poutine et Recep Erdogan. Du fait des événements récents, la tension est montée d'un cran entre la Turquie et la Russie, ce qui suscite les craintes de la communauté internationale non seulement quant à l'avenir du conflit syrien mais aussi sur une éventuelle extension du conflit aux pays voisins, voire à une guerre entre la Russie et la Turquie.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous éclairer sur la position que vous allez défendre au nom de la France lors de la réunion extraordinaire des ministres des affaires étrangères de l'Union européenne prévue ce vendredi 6 mars, s'agissant, d'une part, de la gestion de la crise migratoire et, d'autre part, de la crise politique russo-turque ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.