Intervention de Amélie de Montchalin

Réunion du mercredi 15 avril 2020 à 15h00
Commission des affaires étrangères

Amélie de Montchalin, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes :

Monsieur Lecoq, produire chez soi ne signifie pas se barricader : il y a beaucoup de façons de relocaliser. Le Président de la République affirme, depuis trois ans, qu'il faut recréer une souveraineté industrielle. En la matière, nous avons des alliés. L'alliance européenne pour les batteries électriques réunit ainsi sept pays et dix-sept entreprises. Mon travail, comme celui de Bruno Le Maire, est de trouver des coalitions d'intérêts pour parvenir à des accords. Thierry Breton a proposé une feuille de route industrielle pour assurer notre souveraineté dans certains domaines. Enfin, la solidarité internationale a vocation à s'appliquer partout, en fonction des besoins des pays. La vie humaine n'a pas besoin de passeport pour être protégée.

Madame Trisse, la France défend largement, depuis des décennies, le principe du plurilinguisme, selon lequel chacun doit pouvoir parler sa langue maternelle. Je vais me rapprocher de Frédérique Vidal pour voir si des aménagements sont nécessaires.

Monsieur Cordier, ne voyez pas d'autosatisfaction là où il n'y a que de la lucidité : dans certains domaines, l'Europe a agi beaucoup plus rapidement, bien qu'encore insuffisamment sans doute, que lors d'autres crises. Et la France a pesé de tout son poids pour que l'Europe agisse de manière coopérative, solidaire et coordonnée. C'est à la demande de notre pays que les ministres de la santé se sont réunis, malgré les réticences, le 13 février, suivis, le 10 mars, des chefs d'État et de gouvernement. Certes, des progrès considérables sont encore nécessaires en matière de veille, d'alerte et de gestion de la crise, mais beaucoup a été accompli, notamment sur les plans budgétaire et économique. Le fonds européen, la réserve sanitaire, les achats groupés étaient inimaginables il y a encore six semaines.

Monsieur Habib, l'Italie est meurtrie par la crise, mais nous avons mené tous ces combats, notamment pour la relance européenne, aux côtés des Italiens, dans leur intérêt comme dans le nôtre. Le Président de la République a signé avec les dirigeants de huit pays une lettre demandant le financement d'un plan de relance commun par des instruments innovants, y compris de la dette commune. Cette idée, à l'origine, était défendue quasi exclusivement en Italie.

Monsieur de Rugy, il y a une volonté partagée d'investir massivement et très rapidement, pour recréer une dynamique économique qui sauvegarde les emplois et nous permette de conserver notre avance technologique et de compétitivité. Les financements innovants sont l'enjeu des discussions.

Madame Chapelier, les droits des femmes sont souvent attaqués en période de crise. Il faut saluer l'action de Marlène Schiappa et de nombreux ministres en Europe contre les violences conjugales et celles faites aux enfants. Les femmes et les représentants des différentes catégories sociales doivent avoir toute leur place dans les instances de réflexion sur le monde d'après.

Monsieur Masséglia, le tracing – à distinguer du tracking – est l'objet d'une réflexion entre pays européens. Nous en discutons notamment avec nos partenaires allemands. Il n'y aura pas d'autre option que de le rendre compatible avec le RGPD et la jurisprudence de la CNIL. Le dispositif doit être volontaire, anonyme, et on ne doit pas garder les données ni géolocaliser. Le ministère dont vous parlez existe : Thierry Breton et Margrethe Vestager vont disposer d'un budget et d'une feuille de route pour promouvoir la souveraineté numérique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.