Intervention de Jean-Luc Tavernier

Réunion du jeudi 9 avril 2020 à 14h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) :

Éviter la défaillance des entreprises est un axe essentiel de la politique économique et tout dépendra des efforts déployés par le Gouvernement. Il me semble prématuré, pour l'heure, de travailler sur ce sujet.

Notre objectif est de publier, en continu, le plus grand nombre d'indicateurs possible. Mais il sera difficile de publier les indicateurs d'inflation en avril, faute de pouvoir relever les prix dans certains secteurs.

Je ne suis pas certain que l'hypothèse d'un confinement de deux mois soit retenue dans le second PLFR. Une croissance de – 6 % correspond à un confinement d'une durée de six semaines, à laquelle il convient d'ajouter l'ombre portée de cette période, qui maintiendrait la croissance sous la barre des 1,5 % pour les deux derniers trimestres de l'année.

Courbe en U ou en V ? Les économistes parlent aussi d'une courbe en swoosh – la virgule de Nike. Retrouverons-nous, au terme du rebond, le niveau de PIB précédent ou bien le potentiel aura-t-il été abîmé ? C'est tout l'enjeu des mesures qui consistent à prévenir les faillites, les pertes de capital humain : si elles fonctionnent, il n'y aura pas de casse du potentiel productif.

Quel sera le rattrapage de la consommation ? Les investissements repoussés seront-ils effectués ? En l'absence de précédent historique, les économistes ne peuvent user que de leur bon sens. Cela dépendra des secteurs – on n'ira pas deux fois de suite chez le coiffeur, mais on pourra effectuer les achats de biens durables que l'on avait reportés.

Le financement dépendra de la politique monétaire, laquelle influe sur l'attitude des marchés et le niveau des taux d'intérêt. Pour éviter que ces derniers ne remontent, il faut continuer à assurer la soutenabilité des finances publiques.

Par expérience – j'ai travaillé sur le plan de relance de 2008 et sur le programme d'investissements d'avenir –, je sais qu'il est difficile d'investir à la fois beaucoup, rapidement et intelligemment. Il existe des secteurs comme l'enseignement supérieur ou la santé – au sens large, EHPAD inclus – où des programmes d'investissement public, de nature structurelle, pourraient être mis rapidement en oeuvre.

Enfin, l'accélération forte du commerce international cette dernière décennie ne s'est pas accompagnée d'une croissance notable du potentiel. Le ralentissement, qui était déjà en cours, ne devrait pas à ce point porter préjudice à l'économie mondiale.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.