Intervention de Frédéric Gauthey

Réunion du mercredi 22 avril 2020 à 9h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Frédéric Gauthey, président du Groupement des entreprises de sécurité :

Lors de l'attentat du Stade de France, c'est un agent privé de sécurité qui a évité le carnage grâce à son respect scrupuleux des consignes. C'est également un agent de sécurité qui a apporté les premiers soins à un enseignant du Pôle universitaire Léonard de Vinci violemment agressé par un de ses anciens élèves.

Ces 180 000 personnes contribuent à la sécurité de la nation. Notre secteur représente un chiffre d'affaires de 7 milliards d'euros et compte 3 500 entreprises et 8 000 autoentrepreneurs. Nos marges sont proches de zéro et la moitié de nos effectifs sont payés au SMIC, avec un taux de rotation de 30 %. Il y a un peu plus d'un an, nous avions décidé de transformer notre secteur en profondeur. La crise du coronavirus, après celle des gilets jaunes, tombe vraiment très mal.

Nous voulions faire adopter différentes mesures – notamment législatives – pour assurer notre pérennité : garantie financière pour les entreprises, sous-traitance à un seul niveau – contre parfois cinq, voire dix actuellement, au détriment de la sécurité –, instauration d'un indice des coûts de revient réaliste. Nous voulions également soutenir la transformation sociale du secteur, en conférant à nos agents un statut juridique leur permettant d'invoquer des circonstances aggravantes en cas d'agression, et en développant l'assermentation. À l'horizon 2022, les hausses de salaires devaient représenter 10 % de la masse salariale et rendre enfin attractive une profession qui a du mal à recruter : il nous manque 15 % d'effectifs, que nous compensons par des heures supplémentaires. Cet objectif ambitieux visait à nous permettre de jouer notre rôle lors des Jeux olympiques de 2024.

Quelles sont nos deux grandes préoccupations ? Nous enregistrons une perte d'activité de 20 à 25 % et un taux de chômage partiel de 20 %, les disparités étant très fortes selon les secteurs : dans la distribution non alimentaire, l'événementiel ou la culture, l'activité est quasiment nulle. Dans l'industrie, elle se maintient plus ou moins. Dans la grande distribution alimentaire ou la logistique des entrepôts alimentaires, la demande est en hausse pour éviter incivilités et vandalisme.

Nos agents font un travail remarquable. Travailleurs de l'ombre, ils n'ont pas droit à beaucoup de reconnaissance publique. Cela nous laisse pantois quand chacun plaide pour un continuum de sécurité. Seul le Président de la République les a cités la semaine dernière, avant les journalistes.

Les équipements de protection individuelle (EPI) sont notre deuxième sujet d'inquiétude. La première préoccupation d'un chef d'entreprise est d'assurer la sécurité de ses salariés. Notre branche applique strictement les directives du ministère de la Santé et les gestes barrières. Mais le port du masque reste problématique : certes, les entreprises tentent de s'approvisionner, en Chine ou ailleurs, mais nous ne sommes pas à l'abri d'une nouvelle volte-face des autorités sanitaires. Si le masque devient obligatoire, nos entreprises seront dans une situation extrêmement délicate. En outre, certains donneurs d'ordres – directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (DIRECCTE) ou inspections du travail – indiquent que son port est obligatoire, en contradiction avec les préconisations des autorités sanitaires.

Enfin, il y a beaucoup trop d'incertitudes concernant la période de déconfinement alors qu'il faudrait pouvoir transmettre des directives claires à nos entreprises.

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