Intervention de Olivier Véran

Réunion du mercredi 1er avril 2020 à 18h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

Monsieur Abad, j'ai été alerté sur le fait que certains établissements privés ne s'étaient pas mobilisés à fond dans les territoires où le virus circulait. J'ai immédiatement et systématiquement contacté les agences régionales de santé ainsi que la fédération hospitalière privée, et je suis même allé jusqu'à appeler les directeurs de certains de ces établissements.

Quel intérêt y aurait-il pour le ministre, les ARS ou les soignants à ce que, alors que nous tentons par tous les moyens d'armer de nouveaux lits et que nous en sommes réduits à transporter quotidiennement des patients par train, par avion ou par hélicoptère, à laisser, là où le virus circule, des places de réanimation vacantes dans des établissements, sous prétexte qu'ils seraient de statut privé ?

Je vous rassure, je ne vois que des malades et des soignants, et non le statut de tel ou tel établissement : toutes les places disponibles doivent être mobilisées et, à chaque alerte, j'appelle l'ARS ou l'établissement en question pour savoir de quoi il retourne. En effet, le Premier ministre l'a dit, des places doivent aussi être laissées vacantes pour les autres urgences, et certains établissements ne sont pas destinés à recevoir des malades du coronavirus.

Pour ce qui concerne les EHPAD, notre priorité est de dépister les soignants qui y travaillent et les résidents, lorsqu'ils présentent des symptômes. Un dépistage global n'aurait aucun sens, dans la mesure où votre statut sérologique peut être différent d'un jour à l'autre : vous pouvez être négatif le lundi, puis contracter le virus et être positif le lendemain.

En revanche, dès que des symptômes apparaissent chez des personnes susceptibles d'être en contact avec les plus fragiles ou si ces personnes ont été en contact avec un malade, j'ai demandé formellement à toutes les agences régionales de santé de les dépister le plus rapidement possible, a fortiori si elles travaillent dans des EHPAD, dont les résidents sont les plus menacés par le virus. Nous nous sommes inspirés, pour ces établissements, des bonnes pratiques des pays étrangers – Italie, Espagne, Chine, Japon et Corée – qui ont dû affronter l'épidémie.

La hiérarchisation dans la distribution du matériel de protection est connue : nous privilégions les territoires dans lesquels le virus circule le plus activement et nous privilégions les professionnels de santé qui sont au contact avec les malades dans les zones les plus actives, notamment les services d'urgences, de réanimation et de soins intensifs, car rien ne serait pire que d'avoir des réanimateurs ou des infirmières de réanimation qui manquent de matériel de protection dans des services où sont hospitalisés des dizaines de malades, intubés ou ventilés. Ensuite, les 40 millions de masques que nous déstockons sont répartis dans toute la France, dans les officines.

Sur la progressivité du confinement, le Premier ministre a tout dit. Nous avons pris des mesures dès lors qu'il y avait lieu de les prendre. Il n'y avait pas lieu de confiner la France entière lorsque seulement cinq cas avaient été détectés aux Contamines-Montjoie, en Haute-Savoie, car nous étions capables de tracer toutes les chaînes de contamination d'un malade à l'autre et de prendre des mesures de protection proportionnées et territorialisées. Lorsque l'épidémie a été reconnue comme telle, que le virus s'est propagé sur plusieurs zones du territoire et que nous ne pouvions plus en assurer le contrôle, alors des mesures de confinement ont été prises de manière proportionnée et en tenant compte de l'expérience de l'ensemble des pays étrangers qui avaient eu à prendre ce type de mesures.

Enfin, je confirme que nous étudions la possibilité d'avoir recours aux laboratoires vétérinaires pour augmenter nos capacités de dépistage par tests PCR. Je remercie d'ailleurs ces laboratoires pour leurs propositions, qui pourraient se matérialiser soit par un transfert d'automates PCR vers des laboratoires de biologie médicale destinés aux humains, soit par l'autorisation donnée à des laboratoires expérimentaux qu'ils soient départementaux ou vétérinaires, de pratiquer des actes de biologie médicale, soit encore en permettant à des laboratoires qui ne sont pas reconnus comme étant à usage humain de réaliser ces tests. Nous étudions toutes ces éventualités au cas par cas.

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