Intervention de Annick Girardin

Réunion du mardi 14 avril 2020 à 17h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Annick Girardin, ministre des outre-mer :

Pour répondre à la question de Mme Dumas, relative aux régiments du SMA, tous les jeunes qui étaient en formation sont rentrés chez eux, puisque nous avons appliqué à ce centre les mêmes règles que pour les autres. Les régiments ont donc été fermés et l'ensemble des militaires ont été mis au service du commandement supérieur de chaque région pour épauler les préfets dans leurs différentes missions d'accompagnement, de sécurité et de stratégie, notamment en matière de transports et d'ouvertures de nouveaux lits dans de nouveaux espaces selon les territoires. Les militaires sont donc très impliqués et je veux ici les en remercier. À Paris, les forces armées sont également impliquées dans les questions de logistique, et nous réfléchissons au retour de nos étudiants.

S'agissant toujours des moyens militaires engagés dans la lutte contre le Covid-19 dans les territoires d'outre-mer, je répondrai à M. Serville que le Dixmude arrive aux Antilles avec quatre hélicoptères, deux lourds et deux plus légers, lesquels pourront servir aux évacuations sanitaires. À son bord se trouve également du fret du ministère des armées et de la sécurité civile, ainsi que des équipements médicaux importants, comme 1 million de masques destinés aux territoires des Antilles et à la Guyane. Il ravitaillera la Martinique et la Guadeloupe avant de se rendre en Guyane. Le bâtiment de soutien et d'assistance outre-mer Dumont d'Urville livrera la cargaison destinée à la Guyane et le reste du matériel y sera acheminé par avion CASA.

En ce qui concerne la coopération régionale, je vous prie de m'excuser, madame la présidente de Sarnez, car je ne vous ai pas répondu, alors qu'il s'agit d'une question très importante. Vous savez que je plaide en faveur d'un rayonnement des territoires d'outre-mer dans leur bassin maritime : cela vaut aussi bien pour les bons que pour les mauvais moments, comme aujourd'hui avec la crise sanitaire. Cette coopération et cette solidarité régionales existent dans l'océan Indien. La Commission de l'océan Indien bénéficie d'un soutien de la France par l'intermédiaire de l'Agence française de développement (AFD) afin d'appuyer un réseau épidémiologique. Maurice a officiellement demandé le soutien de la France, et l'appui en personnels soignants de La Réunion est actuellement à l'étude. L'hôpital des Seychelles a également contacté le CHU de La Réunion pour organiser un échange de bonnes pratiques et pouvoir régulièrement discuter de nos avancées. Enfin, les Comores bénéficieront, si nécessaire, d'une aide de la France, ici aussi par l'intermédiaire de l'AFD, et conformément à l'accord du 22 juillet dernier.

Dans le bassin pacifique, l'Australie et la Nouvelle-Calédonie sont en lien étroit sur la question des évacuations sanitaires. La Nouvelle-Zélande a, elle, été approchée par notre ambassadeur pour que la Polynésie puisse continuer à évacuer les cas graves de Covid-19 dans ce pays.

Quant au bassin atlantique, un décret autorise effectivement les médecins étrangers à venir exercer en Guadeloupe, en Martinique, à Saint-Martin, à Saint-Barthélemy, en Guyane et à Saint-Pierre-et-Miquelon – soit la totalité des collectivités d'outre-mer de l'Atlantique – et nous pourrons réfléchir à pareille mesure s'agissant de Mayotte et de La Réunion, si besoin. Les ARS définissent les besoins et nos ambassadeurs prennent les contacts. D'après les remontées dont je dispose, je peux vous dire que nous n'avons pas de besoin relatif au Covid-19, même si nous avons besoin de médecins pour d'autres activités. Nous pourrons donc faire appel à des personnels étrangers, et ce au-delà de la coopération déjà prévue avec Cuba.

Concernant La Réunion et le nombre de lits en réanimation, l'objectif est exactement le même que pour la métropole, c'est-à-dire le doublement des capacités. Les ratios sont d'ailleurs, la plupart du temps, identiques. Les doctrines appliquées dans l'Hexagone l'ont également été dans les territoires ultramarins. Que l'on parle de lits en réanimation, de masques, ou, demain, de tests, lorsqu'il en manque dans les territoires d'outre-mer, c'est parce qu'il existe une pénurie aux niveaux national, européen et international. Je ne veux pas que les territoires d'outre-mer puissent penser qu'ils seraient moins bien lotis.

Voyons également comme une chance le fait que nous disposons de trois semaines pour, si besoin, envoyer du matériel. Nulle part en outre-mer nous n'avons dépassé le seuil de 50 % d'occupation des lits en réanimation et, pour l'heure, le développement de l'épidémie reste très léger. Les choses doivent continuer ainsi : il convient de poursuivre le confinement, d'appliquer les gestes barrières, de prévoir des quatorzaines strictes – à domicile lorsque c'est possible et de plus en plus, comme le recommande le conseil scientifique, en structure collective –, de tester à l'entrée, au milieu et à la sortie, et de disposer de structures permettant d'isoler les personnes positives qu'il n'est pas nécessaire d'hospitaliser. Toute cette machinerie doit se roder. J'ai demandé aux préfets et aux ARS des propositions précises pour la fin de la semaine s'agissant des dix recommandations formulées par le conseil scientifique, que le Gouvernement reprendra en intégralité.

On ne peut pas dire que nous avons été longs à la détente dans les territoires d'outre-mer. Le 4 mars, les grands rassemblements ont été interdits. Le même jour, les escales de croisière ont été interdites. Le 16 mars, tous les établissements scolaires de tous les territoires ultramarins ont été fermés, y compris en l'absence de cas de Covid-19, car nous sommes sur une logique nationale et nous avions de l'avance. Nous sommes en effet bien conscients, tout comme vous, des fragilités supplémentaires que connaissent les hôpitaux des territoires ultramarins. Ensuite, le confinement a été instauré, puis renforcé, les vols ont été drastiquement réduits et de nouvelles mesures entrent actuellement en vigueur. Nous n'avons pas pris de retard, au contraire.

Il est vrai que nous ne devons désormais pas nous laisser déborder et qu'il faut continuer à lutter comme nous le faisons dans tous les territoires d'outre-mer – je souhaite à cet égard remercier toutes les personnes impliquées. Je ne crois pas qu'il y ait des soignants, dans ces collectivités, qui ne disposeraient pas de masque. Les réserves sont suffisantes, alimentées toutes les semaines, et il n'y a aucune inquiétude à avoir en la matière. Néanmoins, comme dans l'Hexagone, la mise à disposition de masques pour le grand public est impossible à ce jour, mais ce n'est pas encore le sujet. Il en va de même de la fourniture de masques à un certain nombre de professionnels, lesquels devront en être équipés lors du déconfinement. Nous y travaillons et allons monter en puissance aussi bien pour l'outre-mer que la métropole.

Sur la question des hôpitaux de La Réunion et de l'indice de correction, il me semble que nous avons entendu le Président de la République et le ministre des solidarités et de la santé redire que l'après-pandémie nécessitera une réflexion en la matière. Il conviendra bien sûr d'y impliquer l'ensemble des territoires avec leurs spécificités, car, vous le savez, l'indice de correction n'est pas le même aux Antilles, à La Réunion et dans les autres territoires.

S'agissant des petites entreprises, sur lesquelles vous avez beaucoup insisté, la grande majorité d'entre elles seront accompagnées, comme l'a annoncé ce matin Bruno Le Maire qui a clairement dit que le premier étage de l'aide, d'un montant de 1 500 euros, serait distribué le plus largement possible aux entreprises en difficulté, nombreuses dans les territoires d'outre-mer.

Quant à l'établissement d'une véritable politique de santé, cela va de soi : les plans étaient en cours d'élaboration et continueront à se concrétiser.

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