Intervention de Jean-François Delfraissy

Réunion du mercredi 15 avril 2020 à 17h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jean-François Delfraissy :

Vous ne m'avez pas mal compris mais je suis tout de même plus optimiste. Les tests sérologiques sont très importants pour donner, notamment à Santé publique France, une vision de l'immunité populationnelle, évaluée à 10 % de la population actuellement. Il est fondamental de connaître l'évolution de celle-ci après le déconfinement : le virus continuera-t-il à circuler ? Peut-on acquérir progressivement une forme d'immunité populationnelle ? Ces tests sont essentiels non pas au niveau individuel mais parce qu'ils constituent un outil d'enquête sur l'épidémie dans le pays, notamment concernant certains types de population – les résidents des EHPAD ou les enfants. Des choix stratégiques doivent être faits dans ce domaine.

J'émets seulement un signal de prudence. Je n'ai pas dit que les anticorps n'apportent pas de protection, mais qu'ils forment un mélange : certains d'entre eux sont protecteurs et neutralisants ; d'autres ne le sont pas et peuvent même, par certains côtés, être facilitants. Nous ne connaissons pas encore totalement la signification de la présence d'anticorps.

Mon opinion, c'est que les tests de loin les plus importants sont les tests PCR, qui permettent de diagnostiquer l'infection.

J'ai entendu que la Corée du Sud teste la population de manière globale. C'est faux ! La Corée du Sud a élargi fortement l'utilisation des tests PCR : au moindre soupçon, la personne qui le souhaite peut être soumise à un test. Mais il n'est pas question de tester l'ensemble de la population. Cela reviendrait, en France, à tester 68 millions de personnes, et pas une fois mais tous les quinze jours ou toutes les trois semaines, compte tenu de ce que nous savons de l'évolution du virus après la primo-infection.

La stratégie, face à un nombre limité de cas à la sortie du confinement, consiste à essayer de les capter au maximum : au moindre signe – une personne a un doute, elle pense avoir été en contact avec quelqu'un de malade –, un test doit être pratiqué. Mais il est impossible de tester l'ensemble de la population, non pas faute d'accès aux tests mais parce cela ne servirait à rien. En revanche, l'utilisation des tests doit être très large, très facile, très fluide : si vous avez des états d'âme après avoir serré la main de quelqu'un, vous devez pouvoir être testé. Puis, dès qu'un cas a été identifié, il faut recourir très largement aux tests auprès de son entourage, ce qui rejoint la question du suivi numérique.

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