Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du vendredi 8 mai 2020 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

J'ai dit, lors d'une récente question au Gouvernement qui relatait les événements qui se sont déroulés à l'Île-Saint-Denis et qui impliquaient la police, que mon respect pour la police républicaine et son rôle m'obligeait à affirmer que depuis des années, certains pervertissent malheureusement son image avec des violences et des discriminations, et que ce gouvernement et les précédents ont trop tu ce phénomène, voire en ont été complices pour imposer un ordre social.

Ce phénomène s'est accru pendant la période de confinement. On s'aperçoit que, exactement de la même manière qu'il a exacerbé les inégalités, le confinement a exacerbé les discriminations et certaines violences policières – dont je m'empresse de dire qu'elles ne concernent évidemment pas l'ensemble du corps de la police, mais qui sont souvent accueillies par un silence assourdissanant.

On observe ainsi que des dizaines de cas récents de violences, commises aussi bien aux Ulis, aux Lilas, à Toulouse, qu'à Roubaix ou à Marseille, n'ont été révélées que par des vidéos sans lesquelles elles auraient été tues. On observe également que deux fois plus d'amendes liées au confinement ont été infligées en Seine-Saint-Denis qu'à Paris, alors que le préfet de Seine-Saint-Denis lui-même a affirmé que contrairement à ce qui est dit, le confinement est au moins autant respecté dans son département que dans la capitale.

Avec cet amendement, le groupe La France insoumise vous demande donc d'envoyer un message fort à l'attention des forces de police sur l'interdiction des courses poursuites, l'instauration d'un protocole de désescalade, la substitution au placement en garde à vue des personnes interpellées pour non-respect du confinement d'un raccompagnement à domicile et sur l'ouverture d'enquêtes, et leur traitement prioritaire par le parquet, suite aux plaintes déposées pour discrimination ou violences perpétrées par des personnes dépositaires de l'autorité publique pendant toute la durée de l'état d'urgence sanitaire. Cela nous paraît d'autant plus nécessaire que je rappelle que la loi d'urgence pour faire face à l'épidémie de Covid-19 est une loi d'exception, qui donne toujours plus de pouvoir à la police par rapport au judiciaire.

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