Intervention de Annick Girardin

Séance en hémicycle du vendredi 8 mai 2020 à 21h30
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Article 7

Annick Girardin, ministre des outre-mer :

Vous avez débuté l'examen de cet article en évoquant la situation dans les territoires ultramarins face au Covid-19. Mais je tiens à rappeler à chacun qu'à aucun moment ces territoires n'ont été abandonnés. Nous avons d'ailleurs pris des mesures sur place en même temps que dans l'Hexagone alors que, dans la plupart des territoires, il n'y avait toujours pas de cas d'infection, et le confinement a été très rapide. De même, on a augmenté comme en métropole le nombre de lits de réanimation et l'on continue à le faire dans l'ensemble des territoires. Il fallait aussi que l'ensemble du matériel médical soit au niveau des besoins et même si, je le reconnais, nous avons eu quelques difficultés de logistique, les objectifs à atteindre et les normes des matériels ont toujours été conformes aux références dans l'Hexagone.

Il y avait bien sûr dans les territoires ultramarins, nous le savons tous ici, des difficultés sanitaires, économiques et sociales avant cette crise. Je connais beaucoup de députés qui se sont impliqués dans les questions ultramarines et ils ont toujours su montrer les situations de détresse sanitaire et médicale. J'ai entendu évoquer l'habitat insalubre et le manque d'eau… Et il fallait relever tous ces défis en plus de celui du Covid ! Et nous les avons relevés avec les élus des territoires et l'ensemble des collectivités, les régions, les départements, les mairies, et le monde économique. Nous les avons relevés aussi avec les Ultramarins eux-mêmes, qui souvent ont accepté le confinement dans des situations compliquées : je pense à Mayotte, le seul territoire où l'épidémie n'a pas encore été contenue et où nous renforçons encore bien sûr les moyens nécessaires – j'irai dans quelques jours, avec la ministre des armées, annoncer les différents renforts qui vont arriver.

Tout cela pour dire que l'article 7 ne doit pas être supprimé, car il est important. Il permettra de répondre à l'exigence de protection des territoires d'outre-mer. Cette volonté nous a conduits à réglementer les arrivées dans les territoires ultramarins en en limitant l'accès, à la demande des élus, aux personnes pouvant se prévaloir d'un motif impérieux d'ordre sanitaire, personnel ou professionnel. Le nombre de vols commerciaux a été limité à deux ou trois par semaine. Nous avons en revanche monté un pont aérien entre certains territoires, comme entre Paris et la Polynésie, ou encore entre la Réunion et Mayotte, car il était normal – et même indispensable – d'assurer un minimum de continuité territoriale.

Je veux aussi saluer, comme nous le faisons tous, ceux qui se sont impliqués dans la lutte sanitaire contre le Covid-19, et rappeler que plusieurs territoires ultramarins sont touchés en même temps par deux épidémies : la dengue et le Covid-19. À Mayotte, la dengue tue d'ailleurs plus encore que le Covid-19. Nous devons relever ce grand défi auquel font face les territoires ultramarins.

Je veux également féliciter les enseignants qui exercent dans ces territoires où, c'est vrai, tout le monde n'a pas accès à des cours en ligne – je songe à Mayotte, à la Guyane ou encore à la Polynésie française et à ses archipels. Les enseignants se sont organisés différemment, en se rendant au domicile des élèves pour y dispenser des cours. Ils se sont impliqués. C'est aussi cela, les territoires ultramarins : la résilience et la solidarité. La solidarité est à la fois locale, régionale – la Réunion se tient aux côtés de Mayotte, comme en témoignent les évacuations sanitaires organisées pour alléger l'hôpital de Mayotte – et nationale. C'est bien normal.

L'article 7 est important. Nous évoquerons sous peu, à l'occasion de l'examen de l'amendement no 597 du Gouvernement, les quarantaines de quatorze jours qui, en plus de la limitation des entrées sur le territoire, permettront de contrôler les déplacements depuis l'Hexagone vers les territoires ultramarins. Il est hors de question – et le texte ne le prévoit d'ailleurs pas – que ce contrôle s'applique dans l'autre sens, c'est-à-dire aux déplacements effectués de l'outremer vers la métropole.

J'émets un avis défavorable à l'amendement.

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