Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du jeudi 14 mai 2020 à 21h30
Diverses dispositions liées à la crise sanitaire à d'autres mesures urgentes ainsi qu'au retrait du royaume-uni de l'union européenne — Après l'article 1er septies

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

En commission spéciale, nous avions déposé un amendement de suppression de l'habilitation à légiférer par ordonnance. Je m'oppose donc à l'amendement du Gouvernement, qui tend à inscrire les dispositions correspondantes dans la loi.

Il ne s'agira plus, selon moi, d'une expérimentation, puisque vous allez l'étendre largement, la massifier. D'autre part, vous nous expliquez que c'est une réponse à la pénurie de moyens. Si tel est le cas, on se demande pourquoi vous ne généralisez pas tout simplement la mesure ! Il serait complètement incohérent de la mettre en oeuvre dans certains départements et non dans d'autres. Nous ignorons d'ailleurs quels sont les critères sur le fondement desquels vous allez déterminer les départements où l'expérimentation sera conduite. Il faudrait nous le dire, afin que nous soyons pleinement éclairés. Pour moi, cette manière de procéder est une forme d'aveu que la décision est déjà prise et que vous n'attendrez pas les résultats de l'expérimentation.

Vous nous avez fait part, madame la ministre, d'une analyse partielle des premiers retours. Toutefois, il ne s'agit pas d'un diagnostic partagé, ni de résultats de l'expérience de nature à nourrir un débat. Il s'agit, en définitive, de votre propre appréciation, et nous ne pouvons pas nous fier à ces éléments pour prendre la décision d'étendre l'expérimentation.

D'autant que la mesure en question a été très discutée, car elle porte atteinte à la philosophie même de la justice criminelle, qui constitue tout un pan de notre justice ; elle remet en cause, vous le savez très bien, certains de ses fondements, notamment le recours aux jurys populaires. Elle a provoqué un débat assez important, dans le monde de la justice et bien au-delà, sur la manière dont la justice est rendue en France et sur le respect de certains droits et libertés fondamentales.

Nous sortons donc nettement du cadre de l'urgence. D'une certaine façon, vous profitez de la situation actuelle pour essayer d'installer de manière inéluctable une mesure fortement contestée de votre réforme de la justice.

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