Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du lundi 18 mai 2020 à 16h00
Questions sur les mesures sociales urgentes à prendre face au covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Monsieur le ministre, la complicité qui vous lie aux plus riches a assez duré. Notre proposition de taxer les bénéfices des profiteurs de crise qui se gavent sur notre malheur national a été refusée ; celle d'inscrire dans la loi l'interdiction de verser des dividendes, refusée ; celle de rétablir l'ISF, l'impôt de solidarité sur la fortune, même provisoirement, refusée !

La semaine dernière, Bruno Le Maire taxait cette dernière proposition de « pure démagogie », alors que la suppression de cet impôt nous coûte 4,5 milliards d'euros par an.

Le pire est que votre bienveillance envers les rapaces ne paie pas. Le laboratoire Sanofi, que vous avez arrosé de 1 milliard d'euros avec le crédit d'impôt recherche et le CICE, le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, et dont 80 % des revenus en France proviennent de la sécurité sociale, nous annonce qu'il privilégiera les États-Unis en cas de découverte d'un vaccin contre le covid-19. Le Président s'en émeut : après tous les efforts déployés depuis trois ans pour donner toujours plus à ceux qui ont déjà, il s'étonne que le laboratoire Sanofi ne fasse pas un geste.

Ce que vous ne saisissez pas, c'est que les sociétés transnationales n'ont qu'une seule patrie : l'argent ! Votre souplesse et vos courbettes n'ont fait que renforcer leur pouvoir de nuisance. À tout moment, crise sanitaire ou pas, elles choisiront la voie du profit plutôt que celle de l'intérêt général.

Mais plutôt que de les faire payer à la hauteur de leurs moyens, vous veillez sur leurs finances. Il pourrait ne rester qu'1 euro à l'ensemble des Français, que vous refuseriez de les taxer !

Nous devons non seulement trouver un vaccin contre le covid-19, mais aussi un vaccin contre la cupidité. La crise sociale qui s'annonce est sans précédent ; la famine guette, et ce ne sont pas de miettes dont les gens ont besoin. À quoi nous sert d'être le sixième pays le plus riche au monde, si vous laissez 9 millions de personnes dans la pauvreté, et bientôt davantage ?

Donnez-vous les moyens de faire face à la crise sociale, en cherchant l'argent là où il est : dans la poche des actionnaires, dans la caisse des GAFA – Google, Apple, Facebook et Amazon – , et dans les paradis fiscaux. C'est là que se trouvent les milliards que vous laissez filer chaque année !

La France doit être une république sociale. Quand allez-vous enfin vous comporter en ministre servant l'intérêt général plutôt qu'en gestionnaire du patrimoine des plus fortunés de ce pays ?

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