Intervention de Adrien Taquet

Séance en hémicycle du mardi 19 mai 2020 à 21h30
Débat sur le thème : le déconfinement quelle mise en oeuvre après une semaine

Adrien Taquet, secrétaire d'état auprès du ministre des solidarités et de la santé :

Si vous m'y autorisez, madame la présidente, je prendrai un peu de temps pour répondre de manière aussi précise et personnalisée que possible aux différents intervenants – c'est le souhait qu'a émis M. Julien Aubert et je m'en voudrais de ne pas y répondre favorablement.

Vous avez, monsieur Aubert, abordé plusieurs points. Je commencerai par le renoncement aux soins. Je vous remercie de soulever cette question, car le ministre Olivier Véran a, tout comme vous, exprimé à plusieurs reprises son inquiétude concernant le risque de renoncements aux soins et de décompensation de certaines maladies chroniques insuffisamment traitées. Il n'est pas question que nous ayons à affronter une deuxième vague liée, non au covid-19, mais à toutes les pathologies qui n'auraient pas été traitées pendant la crise. Or, vous avez raison, le nombre de consultations a baissé de 40 % en médecine générale et de 60 % en médecine spécialisée.

Autre exemple que vous connaissez probablement, durant les dix-neuf premiers jours du confinement, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, l'AP-HP, a observé une chute de 74 % des appendicectomies par rapport à la même période l'an dernier. La situation est donc grave ; il convient de s'en inquiéter. Je me joins à vous pour faire passer ce message aux Français : s'ils sont malades, ils doivent consulter, chez leur médecin ou en recourant à la télémédecine, dont nous avons assoupli l'encadrement. En 2019, il y a eu 20 000 téléconsultations dans notre pays ; au cours de la seule semaine dernière, 1 million !

Grâce au plan blanc, nous avons pu faire face à une situation sanitaire exceptionnelle. Son déclenchement avant le début de la vague a permis aux établissements de santé de se préparer à accueillir les patients atteints du covid-19 ; il a ensuite été maintenu durant toute la période de forte tension sanitaire. Vous évoquiez une décision uniformisée : nous laissons au contraire aux ARS l'initiative de sa désactivation, qui aura donc lieu en fonction de la situation régionale. Il faudra agir avec prudence, car, encore une fois, il est essentiel que les patients qui n'ont pu être pris en charge, qui n'ont pu être suivis pour des pathologies chroniques, retrouvent le chemin du système de santé. Certains médicaments font encore l'objet de tensions, en particulier dans le domaine de la réanimation. Enfin, nous ne pouvons exclure l'éventualité d'une reprise de l'épidémie : notre système de santé doit se tenir prêt.

Précisément, M. Becht a parlé de quatre leviers permettant de mettre fin à cette épidémie. Deux relèvent des comportements individuels : ils ne sont pas si désagréables que cela et nous serviront à éviter d'autres épidémies à l'avenir. L'objectif du Gouvernement a été dès le début et reste que chaque Français puisse disposer d'un masque, qui d'ailleurs – vous l'avez dit, je crois – ne dispense pas de respecter les gestes barrières, mais les complète. Je voudrais ici redire aux Français l'importance de ces gestes : rester à distance des autres, se laver régulièrement les mains, éternuer dans son coude.

Il existe trois types de masques, dont nous commençons d'ailleurs tous à être des spécialistes. Les masques à usage sanitaire sont les masques chirurgicaux et FFP2. Les masques grand public, en matière textile, lavables et donc réutilisables, répondent à un cahier des charges précis ; testés par la DGA, la direction générale de l'armement, ils portent le logo « filtration garantie ». La troisième catégorie est celle des masques artisanaux correspondant aux spécifications de l'AFNOR, l'Association française de normalisation. Vous vous préoccupez de l'accès à ces masques : afin qu'il soit le plus large possible, nous avons réduit la TVA à 5,5 % pour les trois catégories, ce qui est le taux le plus bas des législations européennes. Le prix des masques chirurgicaux est plafonné à 95 centimes d'euro. Il faut l'apprécier à l'usage ; vous avanciez pour une famille un chiffre assez élevé, mais il se ramène à 20 ou 30 centimes par utilisation, ce qui, en comptant deux enfants et deux parents, aboutit à environ 15 euros par mois.

En outre, le Gouvernement a attribué un certain nombre de masques à des publics prioritaires Chaque semaine, 100 millions de masques à usage sanitaire, provenant des stocks de l'État, sont distribués aux professionnels de santé, aux patients touchés par le covid et aux personnes à très haut risque médical. Par l'intermédiaire des préfectures et, sauf erreur de ma part, sous le contrôle du secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur, des masques grand public sont quant à eux remis aux élèves et aux personnes en situation de précarité. Le tout est gratuit.

Au sujet des tests, vous me permettrez de répondre par la suite. M. Bouillon l'a également abordé ; je ne doute pas que d'autres questions suivront. Le secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur a déjà fourni quelques éléments. J'ai parlé des tests PCR ; s'agissant des tests sérologiques, le ministre Olivier Véran a reçu hier des recommandations émises par la Haute Autorité de santé et permettant d'envisager de proposer un diagnostic, sur prescription, à tous les soignants du pays, qu'ils exercent à l'hôpital, en EHPAD, dans les structures médico-sociales ou en ville.

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