Intervention de Philippe Gosselin

Séance en hémicycle du mardi 26 mai 2020 à 15h00
Reconnaissance aux soignants — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin :

La crise sanitaire que nous traversons en raison de l'épidémie de coronavirus est d'une ampleur sans précédent. Exceptionnelle dans l'époque contemporaine, elle touche l'ensemble de nos concitoyens, chacune et chacun d'entre nous ; elle laissera des traces très profondes, sur le plan économique et social bien sûr, mais en tout premier lieu sur le plan humain.

Les victimes sont nombreuses – je pense à elles en ce moment, à leur famille et à leurs proches.

En dépit des mesures de confinement prises par divers États dans le monde, dont la France, la crise a placé en première ligne nombre de personnes : les soignants, évidemment, que la proposition de résolution mentionne, mais aussi – j'allonge la liste comme je le faisais dans la proposition de loi que j'ai déposée – les personnels de toutes catégories, de tous statuts – civil ou militaire – qui luttent au quotidien. Oui, tous luttent avec acharnement et abnégation contre la pandémie du covid-19 au bénéfice de leurs concitoyens. Leur engagement est total ; certains luttent même au péril de leur vie.

Dès le samedi 21 mars, le docteur Razafindranazy était le premier à tomber face au covid-19. Il restera comme la première victime du coronavirus chez les soignants en France. Depuis, hélas, d'autres décès sont à déplorer – une vingtaine de médecins et une vingtaine parmi les autres personnels soignants – , mais les chiffres sont très difficiles à recueillir en réalité. Nous avions demandé au Gouvernement des précisions que nous n'avons pas obtenues.

Tous, sans exception, méritent la reconnaissance de la nation. Tel est l'objet de la proposition de résolution.

La reconnaissance peut s'exprimer de différentes manières : par des primes, des revalorisations salariales – les possibilités sont vastes. Il nous est parfois reproché d'envisager le sujet par le petit bout de la lorgnette et de nous intéresser aux morts plus qu'aux vivants. Nous devons évidemment nous occuper des vivants et parmi eux, de ceux dont les parents sont décédés. Tout cela est symbolique, mais ne l'est pas seulement.

La reconnaissance se doit d'être concrète, sans ambiguïté ; elle doit permettre de protéger la famille de celui qui a perdu sa vie au bénéfice d'autres vies. L'État doit notamment garantir que l'avenir des enfants des personnes décédées sera assuré du point de vue matériel.

La proposition de résolution que vous avez déposée, messieurs Jolivet et Le Gendre, va dans ce sens : reconnaître et protéger car nous sommes, d'une certaine façon, en guerre contre la maladie.

Cette proposition de résolution vise à étendre le bénéfice du statut de pupille de la Nation aux enfants des soignants décédés des suites du covid-19, comme la proposition de loi que j'ai déposée, soutenue par des dizaines de collègues issus de tous les groupes sauf un – huit groupes existaient alors – , mais qui, elle, vise à étendre ce statut aux enfants des personnels de toutes catégories civils et militaires, dont la mort est en lien direct avec leur engagement contre cette maladie. En effet, comme le disait Georges Clemenceau dans le contexte de la guerre de 1914-1918, ces morts ont assurément « des droits sur nous ».

Cette qualité de pupille de la Nation a été instaurée, cela a été rappelé, par la loi du 27 juillet 1917, en pleine première guerre mondiale. Ce statut était, à l'origine, destiné aux enfants orphelins de guerre, lesquels ont ainsi été adoptés par la nation. La première guerre mondiale, vous le savez, avait laissé beaucoup de familles dans la peine et sans protection. Par la suite, d'autres mesures législatives ont été destinées aux enfants de militaires, à ceux de fonctionnaires en service actif, membres de la police nationale ou encore magistrats, avant que la vague des attentats terroristes n'augmente à son tour le nombre de pupilles de la Nation.

Au-delà de nos singularités et de nos différences, nous pouvons sans aucun doute nous retrouver aujourd'hui derrière cette proposition de résolution, qui invite à une reconnaissance de la nation réelle et absolue, comme est absolu le don de leur vie fait par de très nombreuses personnes. Oui, le groupe Les Républicains apportera son soutien à cette résolution aujourd'hui et je ne doute pas, chers collègues, que, dans quelques semaines, vous apporterez le vôtre à la proposition de loi qui vous sera présentée dans cet hémicycle et qui répondra à vos voeux comme à ceux du Président de la République.

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