Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Séance en hémicycle du jeudi 4 juin 2020 à 9h00
Nécessité d'une bifurcation écologique et solidaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Je suis toujours surpris de constater que les écologistes militent en faveur de l'abandon d'une énergie décarbonée, saluant le choix de l'Allemagne qui, après avoir fermé ses centrales nucléaires, a été contrainte de relancer ses centrales à charbon, dont les émissions, par vent d'Est, polluent notre pays – sans même parler de celles de la Pologne.

Nous, membres de Debout la France, proposons de mener une véritable politique écologique, qui passe par trois ambitions.

La première est de retrouver notre souveraineté, autrement dit notre démocratie. Mme Auconie a cité l'exemple de la Nouvelle-Calédonie : si celle-ci a pu prendre des mesures prohibant l'importation et l'usage des sacs plastique à usage unique, c'est parce qu'elle n'est pas astreinte, en tant que territoire d'outre-mer, à certaines règles européennes.

Il faut donc en finir avec l'Union européenne, dont le fonctionnement entre en totale contradiction avec l'idée même d'une révision écologique de nos politiques publiques. Cela ne signifie pas que nous devons abandonner toute idée européenne, mais, tout au contraire, que nous devons revenir à une Europe des nations et des coopérations concrètes, où nous conditionnerons celles-ci au respect de certains critères arrêtés par notre peuple et notre démocratie.

Parler d'écologie en multipliant les traités internationaux tels que le CETA ou encore les accords commerciaux avec le Mercosur, le Vietnam et le Mexique, passés en douce pendant la crise sanitaire provoquée par la pandémie de covid-19, c'est faire fi de toute cohérence. Je suis toujours très surpris d'entendre ceux-là mêmes qui ont signé les accords conclus à l'échelon européen parler d'écologie. Si nous voulons que notre agriculture produise localement, dans le cadre de circuits courts, afin que chacun sache ce qu'il consomme, il faut rompre avec les règles de l'Union européenne, ce qui ne signifie pas rompre avec toute organisation européenne, mais en bâtir une autre, conciliant écologie et coopération européenne.

Notre deuxième ambition est de faire en sorte que nous nous donnions les moyens de procéder à des relocalisations. La moitié des émissions françaises de gaz à effet de serre découlent des importations. En somme, nous nous sommes donné bonne conscience, en Europe, en faisant polluer dans d'autres continents ; nous y avons perdu nos emplois tout en mettant en danger la planète.

Contrairement à nos collègues du groupe La France insoumise, je doute que nationaliser à tout va constitue une solution, les États collectivistes n'ayant pas été des modèles en matière de protection de l'environnement. Il n'en faut pas moins trouver une articulation satisfaisante entre planification – à l'image de la planification instaurée par le général de Gaulle – et incitation, pour que les acteurs économiques aient intérêt à produire en France.

Cela suppose d'adopter plusieurs dispositions : la possibilité – exclue par l'Union européenne – d'un étiquetage des marchandises indiquant la part du produit réalisée en France ; une baisse des charges conditionnelle – nous avons proposé à plusieurs reprises de diviser par deux l'impôt sur les sociétés frappant les bénéfices réinvestis sur le sol français ; l'attribution de 75 % de la commande publique aux entreprises produisant en France ; le lancement d'un grand programme d'isolation thermique – tout le monde est pour, mais il n'arrive jamais – , conçu comme un redoutable levier de création d'emplois locaux et de réduction de la facture énergétique de nos concitoyens, qui pèse lourd sur leur pouvoir d'achat. Je pourrais également évoquer l'agriculture, notamment l'exonération de charges patronales pour l'emploi de travailleurs occasionnels agricoles français, qui permettrait de résoudre le problème des travailleurs détachés.

Troisième ambition : nous ne parviendrons pas à sauver la planète sans faire confiance à la recherche. J'achève donc mon propos en évoquant la nécessité de lancer les programmes de recherche les plus essentiels, afin notamment de passer à une nouvelle génération de réacteurs nucléaires au thorium ne produisant pas de déchets, d'élaborer un plan massif de transports à l'hydrogène, d'appliquer véritablement le principe de précaution en matière de santé publique en se penchant sur les graves dangers auxquels nous expose peut-être la norme 5G, et de contrôler l'industrie pharmaceutique, devenue un empire au détriment de l'intérêt général.

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