Intervention de Olivier Becht

Séance en hémicycle du lundi 8 juin 2020 à 21h30
Débat sur la gestion des masques entre 2017 et 2020

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht :

Je remercie le groupe Socialistes d'avoir demandé qu'un débat sur les masques se tienne dans cet hémicycle : le sujet est important et a trop souvent donné lieu, ces dernières semaines, à des polémiques. Il convient désormais d'examiner les faits.

Entre autres questions légitimes, la première est de savoir si un pays doit disposer d'un stock stratégique de masques. Oui, assurément. Tout le monde constitue de tels stocks, au niveau local notamment. Alors que j'étais maire, lors de la création de la réserve communale de sécurité civile, je me souviens que nous avions commencé par nous équiper de masques.

Deuxième question : ce stock stratégique de masques, au niveau national, doit-il être suffisant pour équiper l'ensemble de la population ? Si la question est légitime, il s'avère difficile d'y répondre. Selon les recommandations sanitaires, un masque chirurgical ne doit être porté que pendant trois à quatre heures, si bien qu'il faut au minimum trois masques par jour et par personne. À raison de cinq jours ouvrables par semaine, pour équiper les Français pour un seul mois, il faudrait 3,7 milliards de masques, ce qui représente un stock considérable.

Il est d'ailleurs bon de rappeler que la France n'a jamais disposé d'un tel stock. Quand le stock était au plus haut, en 2009, avec 750 millions de masques FFP2, et 1 milliard de masques chirurgicaux, il était encore insuffisant pour équiper tous les Français pendant un mois. Devons-nous disposer d'un tel stock stratégique ?

Je me souviens qu'en 2013, le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale avait décidé de réduire le stock stratégique de masques, expliquant que les employeurs privés et publics devaient s'équiper pour fournir leurs employés, et que le stock de l'État répondait à la nécessité d'assurer la sécurité des personnels de santé. C'est à cette époque que nous avons commencé à détruire des masques, à cause des coûts de gestion, notamment liés aux espaces de stockage.

Avons-nous commis des erreurs ? En matière de communication, certainement – Mme Rabault rappelait les flottements sur ce point. En matière de stratégie, nous avons peut-être commis l'erreur de nous attacher trop scrupuleusement à la réglementation. Dans ma circonscription, à Mulhouse, j'ai constaté que, si les masques ont été déclarés périmés et ont été détruits, c'était à cause de leurs élastiques en caoutchouc, qui risquaient de lâcher, cette matière devenant rigide après un certain temps. En revanche, la qualité de filtration et la respirabilité du masque étaient à peu près intactes.

Nous avons donc préféré détruire ou, du moins, laisser dans les cartons, des masques qui auraient pu être utilisés, simplement à cause de la péremption des élastiques. Nous avons probablement commis là une erreur – vite corrigée, pour les masques que les soignants avaient sous la main.

Enfin, dernière question, quelle stratégie devons-nous adopter aujourd'hui ? Il faut selon moi reconstituer un stock stratégique de masques, mais, surtout, garder notre souveraineté en matière de capacité de production de masques. Cet impératif ne concerne pas seulement l'industrie textile, mais aussi, en amont, les matières premières. Nous avons vu que, au moment de la crise, leur production s'est brutalement arrêtée dans les pays d'où nous l'importions.

Nous devons avoir une capacité de résilience, pour fournir le stock national et répondre aux besoins nécessaires à la sécurité des Françaises et des Français.

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