Intervention de Olivier Véran

Séance en hémicycle du lundi 8 juin 2020 à 21h30
Débat sur la gestion des masques entre 2017 et 2020

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

J'ai indiqué très tôt le nombre de masques dont nous disposions, et je n'avais aucun intérêt, ni personnel ni collectif, à déclarer que le port du masque en population générale n'était pas indispensable, dès lors que j'avais reconnu que nous n'aurions pas assez de masques au cas où celui-ci aurait été jugé indispensable.

Je me suis fondé sur les recommandations du directeur général de la santé, sur celles du Haut Conseil de la santé publique et sur celles de l'Organisation mondiale de la santé. Celle-ci conseille désormais le port du masque en population générale dans certaines conditions, mais je rappelle qu'elle a modifié ses recommandations il y a trois jours, le 5 juin, donc bien après nous. Il n'y a pas eu de volonté d'éluder quoi que ce soit pour cacher la misère. Honnêtement, je l'aurais dit, d'autant que j'avais l'avantage d'avoir pris mes fonctions après le début de la crise.

Sachez en outre qu'un pays européen, le Danemark, ne recommande pas, à ce jour, le port du masque en population générale. Il le déconseille même, et a financé une étude pour savoir s'il est véritablement protecteur ou s'il incite, comme le redoutait l'OMS jusqu'à il y a trois jours, à réduire les distances physiques, auquel cas il n'aurait guère d'impact sur l'épidémie. Il est bon de garder l'esprit ouvert.

De tels revirements foisonnent dans l'histoire de la médecine contemporaine, de la médecine en général, où on se précipite, pensant bien faire, sur certaines croyances avant de devoir les rectifier quand elles se sont révélées fausses ou mal comprises. La médecine a toujours progressé ainsi. Je pourrais vous raconter – cela nous réconcilierait – toutes les expérimentations auxquelles Semmelweiss, le premier à comprendre l'importance du lavage des mains, a dû se livrer avant de comprendre que, si des femmes en couches mouraient de fièvre puerpérale dans les hôpitaux alors que cela n'arrivait pas chez les bonnes soeurs, c'était parce qu'elles avaient été accouchées par des internes qui ne s'étaient pas lavé les mains après avoir manipulé de la matière cadavérique. L'histoire de l'épidémiologie est faite de tels tâtonnements.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.